Travailleurs saisonniers : plus vulnérables et moins bien suivis

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Publié le 13/06/2024

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Les risques professionnels sont plus élevés pour les saisonniers que pour les autres travailleurs. Pourtant, la surveillance médicale de cette population très hétérogène reste difficile. Des pistes sont tracées au congrès.

Des travailleurs mal informés, qui n’ont pas toujours de couverture sécurité sociale
Crédit photo : ADIL BENAYACHE/SIPA

Entre avril 2018 et mars 2019, un peu plus d’un million de personnes ont eu au moins un contrat saisonnier en France (données Dares). Plus d’un quart travaillent dans l’agriculture (récolte des fruits, vendanges…) et près de la moitié dans les secteurs de la restauration, de l’hébergement et des loisirs.

Le profil de ces travailleurs diffère selon les emplois. Dans l’agriculture, les travailleurs saisonniers sont très souvent des ouvriers non qualifiés (90 %) et plus fréquemment des hommes. Dans les filières non agricoles, les saisonniers sont plus jeunes, appartiennent à des catégories socioprofessionnelles plus diversifiées et, pour 51 %, il s’agit de femmes.

« Le Code du travail leur octroie les mêmes règles qu’à l’ensemble des travailleurs. Mais ils ont, bien sûr, des contrats à durée déterminée, parfois très courts, ce qui entraîne des difficultés pour la prévention et le suivi médical individuel par la médecine du travail », souligne le Pr Gérard Lasfargues (médecine et santé au travail, université Paris-Est Créteil).

Précaires et mal informés

Il n’existe que peu de données concernant les travailleurs saisonniers en matière de santé et sécurité au travail. Par essence, ces travailleurs sont labiles, peu accessibles à un recueil structuré en matière de santé.

« Cependant, d’après les données de la Commission européenne et de la Confédération européenne des syndicats, les saisonniers sont généralement plus exposés aux risques professionnels que les travailleurs permanents. Ils sont mal informés, n’ont pas toujours de couverture de Sécurité sociale et, dans un grand nombre de cas (y compris en France), ils ne sont pas déclarés. Lorsqu’ils sont hébergés, ils le sont parfois dans des conditions insalubres. Il y a de nombreuses infractions au Code du travail et les travailleurs saisonniers, plus vulnérables, ont des difficultés à faire respecter leurs droits. Leur rémunération est inférieure au salaire minimum applicable et de nombreuses heures supplémentaires ne sont pas rémunérées », dénonce le Pr Lasfargues.

Il y a de nombreuses infractions au Code du travail

Pr Gérard Lasfargues

À cela, s’ajoutent encore des facteurs qui peuvent aggraver la situation. La pandémie de Covid-19 a grandement affecté ces travailleurs aux conditions d’hygiène précaires. Le réchauffement climatique est aussi un autre élément à prendre en compte, dans un contexte de pénibilité physique et d’exposition à la chaleur pour de nombreux saisonniers.

Des comportements à risque

Une étude menée en Nouvelle-Aquitaine (Rouchaud A, Th3-Exp-1-1) sur une population de plus de 1 600 travailleurs saisonniers a confirmé des contraintes horaires et physiques importantes. Malgré cela, les saisonniers indiquent être globalement satisfaits et perçoivent favorablement leur propre état de santé, un résultat cohérent du fait de leur âge (âge médian 25 ans). En revanche, ils sont davantage exposés à des comportements à risque, comme l’usage de produits psychoactifs (drogue, tabac, alcool) et, pour certains, leurs consommations augmentent durant la saison.

Privilégier les actions collectives

Le contexte de travail des saisonniers n’est souvent pas compatible avec une visite d’embauche et un suivi des problèmes de santé. C’est ainsi que différentes actions collectives de sensibilisation peuvent être menées.

Leur objectif est de permettre aux saisonniers de mieux repérer et identifier les dangers et les risques, de les responsabiliser en matière de sécurité et de les engager à adopter les bons gestes de prévention. Le service interentreprises AIST22, par exemple, propose aux entreprises adhérentes des sessions d’information et de formation interactives ouvertes aux saisonniers.

De même, le service de santé sécurité au travail en agriculture (SSTA) de la Mutualité sociale agricole développe des journées spécifiques afin d’accompagner les employeurs et de mettre à leur disposition des outils pour renforcer leur connaissance des risques professionnels. Un imagier photolangage et une application multilingue mobile gratuite permettent aux travailleurs d’accéder aux informations.