Les caries précoces, dès l’âge d’un an, sont fréquentes et en augmentation. En cause notamment, l’alimentation lactée à la demande, au sein ou au biberon, à toute heure du jour. « De même, l’endormissement des nourrissons sur le sein ou le biberon, est un facteur majeur des lésions carieuses », souligne la Pr Michèle Muller-Bolla, sans bien sûr remettre en cause les bénéfices de l’allaitement chez le tout-petit. « Dès que l’alimentation est diversifiée, il faut vraiment proscrire la consommation de boissons sucrées, dont le lait, le soir pour s’endormir ». Car souvent non repérées ou banalisées par les parents, les caries précoces ont des conséquences non seulement sur les dents de lait, mais aussi sur les germes des dents permanentes qui leur succèdent et sur la mise en place de l’occlusion.
Toujours utiliser un dentifrice au fluor
Pour les éviter, les dents doivent aussi être bien nettoyées dès leur apparition, à l’aide d’une compresse imbibée d’une trace de dentifrice au fluor. Puis lorsque les premières molaires temporaires sont présentes, on a recours à une brosse à dents enfant sur laquelle est étalée une trace de dentifrice au fluor (dans le sens de la largeur de la brosse) - et non pas de dentifrice « bio » sans fluor. Vers l’âge de 2 ou 3 ans, on utilise ainsi l’équivalent d’un petit pois de dentifrice au fluor, dose qui à raison de deux fois par jour permet de bien minéraliser les dents. « La France devrait prochainement préconiser des dentifrices fluorés à 1 000 ppm, à l’instar de la grande majorité des pays européens », poursuit la Pr Muller-Bolla, avant de préciser que jusqu’à l’âge de six ans, le brossage doit idéalement être fait par les parents.
Autre habitude néfaste pour les dents : les sucettes ou le pouce, qui doivent être évités voire arrêtés avant l’âge de deux ou trois ans. Ils favorisent la respiration orale et peuvent avoir un impact sur l’occlusion, avec un risque d’occlusion inversée susceptible d’avoir des répercussions sur la croissance. Lorsque l’enfant ferme la bouche, la persistance d’un espace, qui correspond à celui pris par la sucette ou le pouce, est un signe qui doit alerter.
Le retard dentaire est un motif fréquent d’inquiétude. L’éruption dentaire débute normalement par les incisives, entre six et douze mois, suivies des premières molaires entre 12 et 18 mois, des canines entre 18 et 24 mois et des deuxièmes molaires entre deux et trois ans. On ne parle de retard qu’après six mois de décalage, et le premier réflexe est d’interroger la famille pour connaître l’âge d’apparition des dents chez les parents.
Autre problème : les traumatismes dentaires après une chute. « Il est important de consulter dans les 24 heures, afin de s’assurer de l’absence d’exposition de la pulpe ou de déplacement de la dent temporaire qui pourrait être néfaste pour le germe dentaire sous-jacent, mais cela n’est pas très facile en pratique, car de nombreux dentistes ne soignent pas les enfants de moins de six ans », regrette la Pr Muller-Bolla, qui plaide en faveur de la création d’une spécialité pour que les plus jeunes soient rapidement et effectivement pris en charge.
Voir un dentiste dès l’âge de 12-18 mois
Une consultation gratuite chez un dentiste est proposée chez les enfants tous les trois ans à partir de l’âge de trois ans par l’Assurance-maladie dans le cadre du programme « M’T dents ». Mais idéalement, il faudrait que les nourrissons voient un dentiste dans l’année qui suit l’apparition des premières dents, afin d’identifier tôt les éventuels problèmes à corriger. Le dentiste est souvent à l’origine du diagnostic de maladies rares, de reflux gastro-œsophagien, source d’érosion dentaire, ou de syndrome d’apnées obstructives du sommeil.
D’après un entretien avec la Pr Michèle Muller-Bolla, faculté de chirurgie-dentaire de l’université Côte d’Azur.
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