Des travaux* réalisés aux États-Unis, sur 8 207 décès de nourrissons entre 2004 et 2012 montrent que le co-sleeping (ou couchage partagé) est lié aux décès d’environ 75 % des nourrissons de 0 à 3 mois et d’environ 59 % des nourrissons de 4 à 12 mois.
Ces travaux mettent en outre en avant un autre danger lié au co-sleeping : le risque d’accidents d’écrasement thoracique lorsque l’adulte dort profondément. Ce risque est significatif lorsque l’enfant dort entre le couple (ou à côté d’un parent) et qu’il glisse sur le côté du lit (entre le mur et le matelas). L’animal de compagnie – s’il partage également la chambre parentale – peut sauter sur le lit et risquer d’étouffer l’enfant. « D’autres risques liés au co-sleeping ont également été identifiés. Par exemple, l’hyperthermie. Cette augmentation de la température du tout-petit qui dort à côté de ses parents, sous leur couverture – en étant vêtu d’un body, d’un pyjama et d’une turbulette – entraîne un risque important de décès », précise Bénédicte Thiriez, infirmière puéricultrice, déléguée régionale de l’Association nationale des puéricultrices (teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE) en Lorraine, Champagnes-Ardennes et Alsace, fondatrice de l’entreprise les ZArgonautes (ateliers pour parents et enfants, prestations pour crèches).
Des conditions strictes de tolérance
En 2005, l’OMS a édité une brochure expliquant les risques et les conditions sécurisées de mise en place du co-sleeping. Ce document indique notamment que le couchage partagé peut être toléré dans certaines situations lorsque la mère allaite. De fait, dans ce cas, lorsque la mère n’est pas épuisée, elle peut dormir à côté de son enfant en étant tournée vers lui. Le tout-petit ne doit, toutefois, jamais être placé entre les parents. Les draps et couvertures doivent arriver au niveau des cuisses de la mère pour éviter tout risque d’étouffement. La température de la pièce doit être comprise entre 16 et 18 °C. Et le tout-petit doit être vêtu comme ses parents. « Exemple : si la mère dort en nuisette car elle estime qu’il fait trop chaud sans sa chambre, l’enfant doit être en body. Inutile de le mettre en pyjama chaud et turbulette », affirme Bénédicte Thiriez. L’OMS recommande que l’enfant reste dans la chambre parentale jusqu’à ses 6 mois dans un lit à part, à proximité des parents (excepté en cas d’allaitement maternel où le co-sleeping est autorisé dans les conditions sus citées). Ce qui le protège de la mort subite.
Contre-indications et prévention
En cas de tabagisme de l’un ou des deux parents, le co-spleeping est aussi formellement déconseillé, même en cas d’allaitement maternel. Le tabagisme des adultes représente un grand facteur de risque de mort subite pour les nourrissons, mais aussi d’infections respiratoires, d’aggravations de l’asthme, d’otites chroniques et de régurgitations. De même, le co-sleeping dans un fauteuil ou sur un canapé doit être banni. Enfin, si le bébé est prématuré, de petit poids, s’il a de la fièvre ou si les parents prennent des substances (alcool, drogues) ou médicaments qui diminuent leur vigilance, le co-sleeping est formellement contre-indiqué.
Pour prévenir la mort inattendue du nourrisson, le nouveau-né doit entre couché sur le dos, dans son propre lit, sur un matelas ferme et adapté au lit, afin de ne pas laisser d’espace entre la structure du lit et le matelas dans lequel l’enfant pourrait glisser et être gêné pour respirer. L’environnement de son lit doit entre libre, sans oreiller, coussin, drap, couette ou couverture. Pour qu’il n’ait pas froid, l’utilisation d’une turbulette doit être privilégiée au détriment des draps et couvertures. Les tours de lit doivent être évités : l’enfant peut y enfouir sa tête en dormant et ne plus respirer correctement. S’il dort dans sa chambre, la température doit être comprise entre 18 et 19 °C. Enfin, il ne faut pas hésiter à découvrir l’enfant pendant l’été et dans les endroits surchauffés.
Article précédent
Comment la définir chez les tout petits ?
Article suivant
Allaitement maternel : des bénéfices pour toute la vie
L’hygiène fessière du nourrisson : ni trop, ni trop peu
Des pistes pour mieux repérer la maltraitance chez le tout-petit
Repérer les formes compliquées
La prématurité, un phénomène en croissance
Ne pas passer à côté du diagnostic d’infection urinaire du nourrisson
Comment la définir chez les tout petits ?
Des recommandations nécessaires pour le couchage des nourrissons
Allaitement maternel : des bénéfices pour toute la vie
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?