Sein ou biberon : accompagner et guider le choix des mères

Publié le 22/05/2012
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LE LAIT MATERNEL couvre parfaitement les besoins nutritionnels du nourrisson jusqu’à l’âge de six mois. Outre ses qualités nutritionnelles, l’allaitement maternel a un effet préventif vis-à-vis des infections digestives, ORL et respiratoires, sous réserve qu’il soit exclusif et dure plus de trois mois. Son impact sur les performances cognitives reste controversé. Son effet préventif vis-à-vis des allergies fait également toujours l’objet de discussions. Cet effet pourrait s’exercer vis-à-vis de l’eczéma chez les enfants à risque (antécédents familiaux d’allergie) si l’allaitement est maintenu plus de trois mois.

L’allaitement au sein se fait à la demande. Le nombre de tétées, leur durée est très variable d’un bébé à l’autre et chez un même bébé au cours du temps.

Une supplémentation en vitamine K (2 mg par semaine) est indiquée pendant toute la durée de l’allaitement maternel exclusif.

L’apport recommandé en vitamine D est de 1 200 UI/J (1 500 UI/J chez les enfants à peau pigmentée) jusqu’à l’âge de deux ans.

Petits problèmes d’allaitement.

Les douleurs ou les blessures des mamelons (crevasses) sont le plus souvent liées à une mauvaise position du bébé lors de la tétée. Pour les soulager et les éviter, l’enfant doit être tourné complètement vers sa mère, sa bouche prenant une grande partie de l’aréole mammaire et pas seulement le mamelon. Il est également conseillé de laisser sécher les seins à l’air libre après les tétées, et d’éviter toute source de frottement. En cas de crevasses constituées, la douleur peut être soulagée par l’application de froid avant la tétée et la prise d’un antalgique (paracétamol) trente minutes avant. Pour traiter la plaie on peut appliquer localement du lait de fin de tétée et une crème protectrice spécifique.

Une baisse très passagère de la production de lait peut se produire vers le huitième-dixième jour, liée à une diminution du taux d’hormones de la lactation. Mettre l’enfant au sein le plus souvent possible permet le plus souvent de faire repartir la lactation.

Le choix d’une préparation pour nourrisson

En l’absence d’allaitement maternel, les préparations pour nourrissons couvrent de façon adéquate les besoins nutritionnels durant les six premiers mois. Elles sont toutes de qualité ; aucune ne peut se prévaloir d’une supériorité sur le plan nutritionnel. Elles ne sont cependant pas identiques et l’offre très abondante rend parfois le choix difficile. Le premier élément à considérer est la nature de la source protéique. Les préparations à base de protéines du lait de vache conviennent à tous les nourrissons « normaux », sans antécédents allergiques Les préparations à base de protéines de soja sont déconseillées avant l’âge de 3 ans du fait des risques potentiels liés aux phytooestrogènes. Leur indication doit être limitée aux enfants dont les parents exigent une alimentation d’origine végétale. Les préparations à base d’hydrolysat de protéines (lait hypoallergénique HA) peuvent être indiquées pour la prévention des manifestations atopiques chez les enfants à risque (au moins un parent ou un membre de la fratrie allergique) à condition d’être utilisées exclusivement pendant au moins 4 mois.

Chez l’enfant nourri au biberon la dose de vitamine D doit être calculée en tenant compte de la teneur en vitamine D de son lait.

A noter que les « jus », d’amande, de noisette, de châtaigne, les « jus » de riz et de soja ainsi que les laits de mammifères, jument, ânesse… ne sont pas adaptés au nourrisson et sont potentiellement dangereux

Certaines préparations ont des caractéristiques de composition à visée fonctionnelle : lait anti-régurgitations AR, lait « confort » Le Comité de nutrition de la société française de pédiatrie estime que les formules enrichies en épaississants, en particulier les formules AR ont leur place en cas de régurgitations. Les préparations pour nourrissons de type « transit » peuvent être prescrites chez un enfant de moins de six mois qui a tendance à être constipé. L’utilisation de ces préparations ne se justifie, précise le Comité, qu’après exclusion de toute cause organique et si le trouble clinique est chronique.

Références :

-Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie: Préparations pour nourrissons et préparations de suite : pour une commercialisation et une communication basées sur les preuves. Arch. Pédiatr 2007;14(4):319-321.

-Mouterde O. : Le choix d’un lait artificiel. Med Enf 2010; 30 (4): 176-177.

-Bellaïche M., Collignon H. Nutrition de la naissance à un an ; connaissances et recommandations actuelles Med Enf 2010; 30. Hors série.

-Agence française de sécurité sanitaire des aliments : recommandations d’hygiène pour la préparation et la conservation des biberons juillet 2005 www.afssa.fr

 Dr H. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9129