« Nous avons largement augmenté nos capacités de formation en pneumologie ces dernières années. La profession s’est dans le même temps féminisée, c’est une bonne chose. Résultat, on est aujourd’hui à 4,6 pneumologues pour 100 000 habitants, avec 45 % de femmes. Soit une progression d’un tiers en 30 ans (3,4/100 000 en 1997). On pourrait donc penser que tout va bien. Mais ce n’est pas vraiment le cas, résume le Pr Christophe Leroyer (CHRU de Brest), président de la Fédération Française de Pneumologie. Concentration des ressources dans certaines parties du territoire, moyenne d’âge élevée des praticiens, vieillissement de la population associée à une explosion des maladies respiratoires : autant de facteurs qui viennent tendre la situation. »
Une situation très contrastée
« On souffre aujourd’hui d’un énorme différentiel de couverture entre les grandes agglomérations, type Paris, Marseille, et les régions plus reculées. Dans 27 départements, il y a moins de 3 pneumologues pour 100 000 habitants. Et, dans ces "déserts médicaux" les praticiens sont plus âgés », explique le Pr Leroyer. Dans 5 départements, leur âge moyen est supérieur à 60 ans, contre 50 ans au niveau national. La situation, déjà déséquilibrée, ne devrait donc pas s’améliorer dans les années à venir.
Même en ville, l’accès au cabinet recule
« L’exercice libéral est en net recul hors des grands centres urbains. Les pneumologues exercent de plus en plus souvent au sein de cliniques, de cabinets groupés, qui sont situés dans des villes de taille moyenne à grande », note le Pr Leroyer. Mais, même en centre-ville, les pneumologues libéraux sont en recul. Le nombre total de pneumologues a progressé de près de 50 % en 30 ans (2 100 en 1997 vs 3 100 en 2018), quand celui des libéraux a reculé de 25 % (1 020 en 1997 vs 782 en 2018). « En 30 ans, on est ainsi passé d’un pneumologue sur deux exerçant en libéral (50 %) à un sur quatre (25 %) aujourd’hui », analyse le pneumologue.
Vieillissement, environnement et maladies chroniques
« Le vieillissement de la population, la dégradation de la qualité de l’air, le tabagisme persistant, l’évolution des habitudes de vie, avec la progression de la sédentarité et de l’obésité, sans compter la pollution intérieure, pèsent sur l’incidence des maladies respiratoires. On assiste à une progression des maladies chroniques telles que l’asthme et la BPCO ajoutée à une explosion − à retardement − des cas de cancer du poumon, notamment chez les femmes », rappelle le Pr Leroyer. Il faut d’ailleurs souligner que les populations défavorisées sont largement touchées par les pathologies pulmonaires. L’évolution sociale, et en particulier la progression du chômage, sont pourvoyeuses de nouveaux patients. « C’est pourquoi, même si en 30 ans le nombre de pneumologues a quasi doublé, le nombre de patients à suivre a largement progressé ces dernières années et la situation reste tendue », explique-t-il. En témoignent les délais de rendez-vous en direct, souvent bien longs.
L’asthme a sensiblement augmenté chez l’enfant. La BPCO a très largement progressé, avec le vieillissement et la dégradation de l’environnement. L’embolie pulmonaire, considérée désormais comme une maladie chronique quand elle est non provoquée, nécessite aussi un suivi. L’amélioration, récente, du pronostic du cancer pulmonaire génère à son tour plus de suivis. « Bref, ces consultations de suivi prennent une part croissante de notre activité », souligne le Pr Leroyer.
Exergue : Les consultations de suivi prennent une part croissante de notre activité
Entretien avec le Pr Christophe Leroyer (CHRU de Brest), président de la Fédération Française de Pneumologie
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