Fausse-route asphyxique

Reconnaître les signes et réagir vite

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Publié le 21/11/2019
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En France, près de 4 000 personnes décèdent chaque année des suites d’une fausse route asphyxique. Les sujets âgés sont une population à risque. Il faut donc y penser et surtout, savoir réagir vite.

La fausse route est souvent induite par la prise d’une alimentation semi-liquide

La fausse route est souvent induite par la prise d’une alimentation semi-liquide
Crédit photo : Phanie

Les décès par fausse-route asphyxique surviennent essentiellement chez les enfants et de plus en plus chez les personnes âgées qui cumulent de nombreux facteurs de risque : traitements sédatifs (pouvant entraîner aussi une sécheresse de la bouche), pathologie neurodégénérative, mauvais état dentaire. Chez le sujet âgé, la fausse route est souvent induite par la prise d’une alimentation semi-liquide (purée, viande hachée, marmelade de fruits…), ce qui explique l’efficacité des manœuvres réalisés en cas d'urgence.

« Le nombre de décès est probablement sous-estimé car un nombre important de pertes de connaissance brutales est attribué à tort à un arrêt cardio-respiratoire par infarctus ou embolie pulmonaire. Une partie de ces décès sont en fait des asphyxies sur fausse route : les Anglo-Saxons parlent de café coronary syndrom,précise le Pr Hubert Blain (CHU de Montpellier). D’où l’importance d’y penser systématiquement devant une personne qui ne peut ni parler, ni tousser, en cas de rougeur du visage ou du cou, de cyanose des lèvres, d’agitation ou de perte de connaissance brutale. Dans ces différents cas, qui peuvent se produire pendant ou après le repas, il faut en premier lieu vérifier la liberté des voies aériennes supérieures ».

Quelle manœuvre pratiquer ?

Toute personne s’occupant de sujets âgés doit connaître les gestes d’urgence.

Le premier réflexe est d’appeler de l’aide, de faire chercher le chariot d’urgence et d’évaluer la conscience, la capacité à respirer et à tousser, permettant d’agir en fonction de trois situations possibles.

• Si le patient est conscient, respire et tousse : ne rien faire, rassurer, encourager à tousser et rester à côté jusqu’à l’expulsion du corps étranger.

• Si le patient est conscient, mais ne tousse pas et ne respire pas : ouvrir la bouche et retirer le corps étranger s’il est visible, au doigt, à la pince de Magill. Si on ne le voit pas, appeler le 15 ou le 112 et réaliser immédiatement la manœuvre de la table. « Cette manœuvre, simple à réaliser chez toutes les personnes, consiste à allonger le sujet en position ventrale sur une table ou tout autre plan dur (une chaise ou un lit) avec la tête et les bras pendant en dehors de la table et à lui donner cinq claques vigoureuses dans le dos entre les deux omoplates, explique le Pr Hubert Blain. Elle est très proche de la manœuvre de Mofenson utilisée chez l’enfant de moins d’un an ». En cas de non-expulsion de l’aliment, on réalise la manœuvre de Heimlich qui peut être difficile chez les personnes en surpoids. Se placer derrière la victime, passer ses bras sous les siens, mettre son poing droit en regard de l’estomac, le recouvrir avec la main gauche, pencher la victime en avant et faire des pressions brusques en arrière et vers le haut. « En cas d’échec, alterner les deux manœuvres tant que le patient reste conscient », ajoute le Pr Hubert Blain.

• Si le patient est inconscient, appeler le 15 ou le 112 (portable) et allonger la victime sur le sol. Ouvrir la bouche, regarder avec le laryngoscope : si le corps étranger est visible, le retirer à la pince de Magill. Commencer la réanimation cardiorespiratoire qui alterne 30 compressions thoraciques (fréquence 100/minute) et 2 insufflations (insufflateur manuel si possible ou bouche-à-bouche) et mettre en fonction le défibrillateur automatique externe.

« En résumé, en cas de fausse route, on doit trouver sur le chariot d’urgence : une pince de Magill, un aspirateur à mucosités, un laryngoscope, un insufflateur, un défibrillateur et un plan dur. Ces recommandations et manœuvres ont été résumées dans une affiche validée par les sociétés savantes de gériatres (SFGG), d'urgentistes (SFMU), de médecins coordonnateurs en EHPAD (FFAMCO) et de réanimateurs (SRLF). Ces recommandations devraient être plus largement connues et l’affiche plus largement mise à disposition dans les zones de repas afin d’éviter bon nombre de décès en particulier en EHPAD », conclut le Pr Hubert Blain.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin