Quelques études ouvertes et une petite étude randomisée laissaient jusqu’à présent penser que le rituximab pouvait améliorer les symptômes des patients atteints d’un syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS). L’étude TEARS, étude française randomisée et de grande envergure, n’avait pas pu démontrer significativement cette efficacité tant sur les signes de sécheresse et de fatigue que sur l’atteinte systémique. Néanmoins, dans cette étude, on pouvait observer précocement une amélioration modeste de la fatigue et de la sécheresse.
Malgré ces faibles résultats, de nombreux auteurs pensent que le lymphocyte B est toujours une cible intéressante dans le SGJ. D’où l’étude TRACTISS (1), étude anglaise multicentrique, randomisée en double aveugle, qui avait pour objectif d’évaluer l’efficacité du rituximab chez les patients atteints d’un SGS et dont les résultats ont été révélés lors de l’ACR 2 015. Les investigateurs ont inclus des patients présentant un SGS et dont les symptômes étaient évalués sur des échelles visuelles analogiques de fatigue et de sécheresse buccale. 133 patients ont reçu une perfusion de rituximab ou de placebo lors d’un premier cycle (à J0 et J15), puis lors d’un deuxième cycle (à S24 et S26). À chaque fois, des corticoïdes étaient associés. Le critère d’analyse primaire était une diminution de 30 % de la fatigue ou de la sécheresse buccale à 48 semaines. Les objectifs secondaires étaient l’activité systémique évaluée par l’ESSDAI (sjögren’s syndrome disease activity index), la qualité de vie, le flux salivaire, le flux lacrymal et le ressenti des patients. 55 patients dans le groupe placebo et 54 dans le bras rituximab ont eu les 4 perfusions. La moyenne d’âge des patients (93 % de femmes) était de 54 ans, l’ESSDAI moyen était de 5,7 et le diagnostic avait été porté en moyenne depuis 5,7 ans.
Pas de justification du rituximab mais...
L’objectif primaire n’a pas été atteint puisque la réponse a été la même dans les deux groupes à la semaine 48 : 36,8 % des patients sous placebo et 39,8 % des patients sous rituximab. En revanche, le flux salivaire non stimulé s’est amélioré chez les patients sous rituximab. Il y a eu un peu plus d’effets secondaires chez les patients sous rituximab mais aucune différence entre les deux bras en terme d’effets secondaires graves.
«Deux grandes études randomisées ne parviennent pas à démontrer une efficacité suffisance du rituximab dans le SGS, commente le Pr Valérie Devauchelle. A priori, un traitement par rituximab ne se justifie donc pas actuellement. En revanche poursuit-elle, il est possible qu’on puisse améliorer des points particuliers sur des atteintes systémiques. En effet, l’ESSDAI évalue douze domaines différents. En combinant les résultats de TEARS et de TRACTISS uniquement sur certains paramètres, on pourrait peut-être démontrer une efficacité sur des signes systémiques particuliers. Si, selon TRACTISS, le rituximab n’a pas amélioré la fatigue, on sait que l’origine de celle-ci est multifactorielle. Il serait intéressant de connaître le pourcentage de patients qui présentaient une fatigue comme signe principal et connaître également la réponse concernant la sécheresse ressentie».
(1) Bownan S et al. Rheumatol. 2015;67(suppl 10)
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