La dysfonction érectile (DE) est un indice d'événement cardiovasculaire. De multiples travaux le prouvent. « Une étude (1) a démontré que la survenue d'une DE annonce le développement d'un infarctus du myocarde. L'obstruction des artères des verges peut annoncer une obstruction des artères coronaires dans les 4 ans suivant la survenue de la pathologie pénienne », souligne le Dr Franck Paganelli, cardiologue à l'hôpital Nord (Marseille).
La DE représente, ainsi, un signal d'alarme de pathologies cardiovasculaires. Elle est un indice de morbimortalité. « Avoir une DE lorsque l'on est hypertendu annonce l'obstruction des artères du cœur ou du cerveau. L’étude ONTARGET publiée dans Circulation 2010 montre qu'une fonction érectile altérée chez des patients augmente le risque d'infarctus, d'insuffisance cardiaque et d'AVC », ajoute le Dr Paganelli.
L'ensemble des méta-analyses (2) dédiées au sujet démontre que la DE est fortement corrélée au risque de mortalité cardiovasculaire et d'AVC. Cette pathologie projette, en outre, une espérance de vie plus courte. « À l’inverse, il est aujourd'hui prouvé (3) que le fait d'avoir une activité sexuelle persistante fait baisser la mortalité cardiovasculaire et augmente l'espérance de vie de 10 ans », indique le Dr Paganelli.
La DE doit être traitée
La prise en charge de la DE est importante à tout âge, y compris chez les seniors. Après 65 ans, traiter une DE améliore le confort de vie, mais a également une incidence positive sur la morbimortalité (4). « Nous avons étudié la DE à la phase aiguë d'infarctus du myocarde et dans la coronaropathie. Plus la DE est importante, plus les vaisseaux sont atteints et plus le patient risque de faire une mort subite. Autrement dit, le fait de présenter une obstruction des artères péniennes annonce la réduction de calibre des artères coronaires, des carotides et de l'artère fémorale », indique le Dr Paganelli.
La DE impose donc le dépistage de la maladie coronaire lorsqu'il existe au moins trois facteurs de risque cardiovasculaire. De même, chez le patient coronarien, la DE doit être traitée (5). Par ailleurs, la DE par iatrogénie médicamenteuse doit être systématiquement recherchée. « Si les bêtabloquants ont été souvent accusés à tort, les diurétiques thiazidiques (fréquemment prescrits dans le traitement de l'hypertension artérielle) peuvent engendrer une DE », note le Dr Paganelli. Les médicaments de la DE actifs par voie orale ont une action stimulante périphérique : inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (IPDE5), alphabloquants. « L'innocuité cardiovasculaire des IPDE5 est aujourd'hui démontrée. La prise de ces médicaments est donc recommandée chez les patients à risque cardiovasculaire présentant une DE puisqu'ils leur permettent de retrouver une activité sexuelle régulière, ce qui diminue la morbimortalité et augmente l'espérance de vie (6) », conclut le Pr Paganelli.
D'après un entretien avec le Dr Franck Paganelli, service de cardiologie de l'hôpital Nord (Marseille)
(1) Thompson IM et al. JAMA 2005 Dec 21;294(23):2996-3002
(2) Dong JY et al. J Am Coll Cardiol 2011 Sep 20;58(13):1378-85
(3) Teller Stacy. BMJ 2010 (340)
(4) Ry Chung. J Sex Med 2015 Jul;12(7):1568-76
(5) Bryan G. Circulation 2011
(6) Andersson DP et al. Heart 2017 Mar 9. pii: heartjnl-2016-310746
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