« La sexologie est une profession compliquée car elle nécessite une mosaïque de compétences : information, conseil, éducation, soin physique et mental du patient, prise en charge des couples… », affirme le Dr Pierre Desvaux, président du syndicat national des médecins sexologues.
D'après une étude (1) réalisée en 1999, 1 millier de personnes se représentent en France comme sexologue : 70 % de médecins (50 % de médecin généralistes, 20 % de psychiatres, 12 % de gynécologues, 18 % d'autres spécialistes) et 30 % de non-médecins. Il n'existe pas de recensement récent de cette profession. Le DIU de sexologie forme 60 diplômés par an (50 % de médecins et 50 % d'autres professions de santé). « Depuis la création du DIU (1998), nous avons formé au moins 700 médecins sexologues », note le Dr Desvaux.
Concernant la formation initiale des sexologues, en 2000, 68 % avaient suivi des études médicales : dont 35 % de médecins généralistes, 12 % de psychiatres et 9 % de gynécologues. Par ailleurs, 12 % des sexologues avaient effectué des études de psychologie et 21 % étaient issus d'autres formations paramédicales. « Seuls 20 % des professionnels affirment que la sexologie représente leur activité exclusive et quasi exclusive. À l’opposé, pour 52 % d'entre eux, la sexologie est un exercice très minoritaire (moins de 10 % de leur activité) », souligne le Dr Desvaux. La profession se clive, ainsi, en deux : ceux qui sont sexologues à plein temps et ceux qui pratiquent le métier, de façon minoritaire, dans le cadre de leur activité principale.
Une majorité de médecins généralistes…
En 1999, 2/3 des sexologues étaient médecins et 1/3 non médecins. Cette proportion reste d'actualité. En revanche, la profession s'est féminisée. Si en 1999, 2/3 des médecins sexologues étaient des hommes, aujourd'hui, les 2/3 sont des femmes. D'après une étude du syndicat des médecins sexologues menée en avril 2013 auprès de 221 médecins diplômés du DIU de sexologie 59 % d'entre eux sont des médecins généralistes, 17 % des psychiatres, 16 % des gynécologues, 4 % des urologues, 4 % sont issus d'autres spécialités (endocrinologie, angiologie…). « Notre étude met en exergue, également, le vieillissement de la profession : en France, la majorité des médecins sexologues ont entre 50 et 69 ans. La profession compte peu de médecins de moins de 40 ans. Si nous n'y remédions pas, il y aura une pénurie de sexologues, avec les départs à la retraite », confie le Dr Desvaux.
...intégrés dans le parcours de soins
La sexologie est essentiellement urbaine : 76 % des médecins sexologues exercent en ville. Ces praticiens sont intégrés dans le parcours de soins : 46 % des praticiens interrogés ont déclaré qu'un moins une fois sur deux leurs patients étaient adressés par un autre confrère. Dans l'esprit des patients, le sexologue est peu accessible car onéreux. Dans les faits, 27 % des praticiens ont une consultation dans des structures publiques. 88 % des médecins sexologues sont conventionnés (53 % en secteur 1 et 35 % en secteur 2, 6 % sont hors convention et 5 % salariés). Toutefois, la consultation de sexologie est longue (45 minutes en moyenne), ce qui explique les tarifs parfois plus importants que ceux des médecins généralistes. Au sein de l'Europe, la France est le pays qui concentre le plus de médecins sexologues et où le sentiment d'appartenance à la profession est le plus fort. « Dans les autres pays européens, ce sentiment est moins fort. Ce qui peut constituer un obstacle à la reconnaissance, d'ici quelques années, de la sexologie en tant que véritable spécialité médicale », regrette le Dr Desvaux.
(1) Giami A, de Colomby P. Profession sexologue. Sociétés Contemporaines 2001;41-42:41-63
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