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Dossier

Groupes de pairs

Une méthode de formation unique depuis 30 ans

Publié le 29/09/2018
Une méthode de formation unique depuis 30 ans

Reunion
SEBRA / Adobe Stock

Depuis 1987, des généralistes se réunissent régulièrement et procèdent à une analyse collective de cas cliniques. L'objectif de ces groupes de pairs est de permettre aux médecins d'améliorer leur pratique grâce à cet échange d'expérience et de données scientifiques. Au-delà de son intérêt pédagogique, cette méthode de formation continue est un formidable outil contre le burn-out.

C’est une méthode vieille de 30 ans... Tellement éprouvée qu’elle est devenue une marque déposée en 1994 par la Société française de médecine générale (SFMG). Depuis 1987, des généralistes se réunissent régulièrement et procèdent à une analyse collective de leur pratique. Ce temps d'échange permet de porter un regard critique sur les situations évoquées pendant les trois temps des séances, le plus souvent organisées en soirée (lire ci-dessous). Au début de chaque réunion, le groupe désigne un modérateur qui assure à chacun le respect du temps de parole – donnée à tous sans lien de hiérarchie – et veille aux horaires ainsi qu'un secrétaire qui a la tâche de rédiger un compte rendu de la réunion. Pour une formation utile à la pratique quotidienne, la SFMG recommande de tirer au sort les situations cliniques étudiées. Les médecins sont invités à utiliser les données de la science et référencer leurs arguments. Pour les aider dans cette démarche, la SFMG a d'ailleurs créé un outil permettant d'accéder aux recommandations francophones concernant les situations cliniques rencontrées en médecine générale. La séance s'achève par la rédaction du compte rendu, un texte succinct qui relève les questions soulevées pendant la soirée.

Un recensement difficile

II est difficile d'estimer le nombre de groupes de pairs actifs en France. Ces derniers ne font pas tous de déclarations d’activité, comme le suggère la SFMG sur son site Internet. De nombreux médecins se réunissent de manière informelle. Ce qui est valable sur le plan national l’est tout autant sur le plan local. En 2012, la thèse d’Anne-Cécile Philibert, aujourd’hui médecin généraliste à Varces (Isère), faisait Depuis 1987, des généralistes se réunissent régulièrement et procèdent à une analyse collective de cas cliniques. L'objectif de ces groupes de pairs est de permettre aux médecins d'améliorer leur pratique grâce à cet échange d'expérience et de données scientifiques. Au-delà de son intérêt pédagogique, cette méthode de formation continue est un formidable outil contre le burn-out. Dossier réalisé par Guillaume Mollaret déjà état de ce manque d’information dans son département d’études. « Le recensement des groupes (en Isère) s'est révélé difficile car aucun organisme ne les répertoriait systématiquement », notait-elle. Six ans après, le constat reste le même.

Les groupes se constituent beaucoup par le bouche-à-oreille et par affinité. Pour la rédaction de ce dossier, de nombreux généralistes interrogés ont regretté ne pas participer à ce type de réflexion collective. Beaucoup ont déjà testé et apprécié la formule mais ont décroché. « Il faudrait que je me renseigne. Là où j’étais installée avant, on se réunissait tous les deux mois » ; « Depuis que j’ai déménagé et la naissance de mon fils, j’ai arrêté » ; « Appelez mon confrère X, je suis certain qu’il en fait partie ou qu’il connaît quelqu’un qui saura vous renseigner » (…) sont autant de remarques entendues dans le cadre de nos recherches. « J’ai fait partie d’un groupe que j’ai quitté pour des raisons strictement personnelles qui n’ont rien à voir avec ce que m’apportaient professionnellement ces rencontres, confie un généraliste du sud de la France. C’est dommage car aujourd’hui, je ne sais pas vers qui me tourner pour rejoindre un autre groupe. »

Rigueur et discipline

Aussi appréciés soient-ils, les groupes de pairs doivent maintenir une certaine discipline pour tenir dans le temps. « Pour conserver une activité pérenne, un groupe de pairs doit avant tout respecter la méthode. Ce sont ceux qui ne la respectent pas qui ont explosé », explique le Dr Pascale Arnould dont le groupe, installé en Seine-et-Marne, compte 15 ans d’existence. Réuni sept fois par an, pour une durée maximale de deux heures, le soir, dans la même maison de santé, il a évolué au gré des départs à la retraite de certains. Il compte « Sept ou huit médecins » après en avoir compté jusqu’à dix. « Ce qui était déjà trop », estime le Dr Arnould. La généraliste de 61 ans est persuadée que les groupes de pairs sont toujours un mode de formation dans l'air du temps. Elle salue d'ailleurs « l’implication des internes qui participent beaucoup aux échanges. »

UNE RÉUNION EN TROIS TEMPS

Disponible gratuitement sur le site Internet de la SFMG, la méthode applicable aux groupes de pairs se décline en trois temps forts :

1. Présentation des cas cliniques : chacun est choisi de façon aléatoire. Présenté à l’aide d’un modèle, il est ensuite discuté par l’ensemble du groupe. Si aucune réponse n’est apportée, le médecin doit effectuer une recherche bibliographique à présenter lors de la prochaine réunion.

2. Ce temps est consacré à un échange autour de l’offre locale de santé (ville-hôpital, clinique, correspondance, services sociaux).

3. Cette dernière phase, libre, est destinée à l’exposition de cas complexes, la lecture d’un article, le résumé de la présentation d’un congrès, etc.