Un travail conjoint entre la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS), la Société de pneumologie de langue française (SPLF), la Société française de cardiologie (SFC), la Société française de neurologie (SFN) et la Société de physiologie (SP) a permis d'aboutir à un texte de consensus sur le diagnostic positif, le bilan étiologique et la prise en charge thérapeutique du syndrome d'apnées centrales du sommeil. Comme le souligne le Pr Frédéric Gagnadoux, si ces apnées représentent 10 % de toutes les apnées du sommeil, « leur prévalence a tendance à augmenter en raison du vieillissement de la population, des comorbidités et de certaines prescriptions médicamenteuses ».
Les apnées centrales du sommeil sont en lien avec une instabilité du contrôle de la respiration. Les patients peuvent se plaindre de somnolence diurne, mais également d'un sommeil fragmenté, d'essoufflements nocturnes et de fatigue. Un index d'apnées hypopnées centrales d'au moins 5 par heure et au moins 50 % d'évènements centraux les définit. Un enregistrement polygraphique ou polysomnographique avec une mesure fiable de l'effort respiratoire est indispensable.
Trois grandes causes à rechercher
Face à ces apnées centrales, « il est important de décrire la séméiologie des événements respiratoires, insiste le Pr Gagnadoux. Une respiration périodique (respiration de Cheyne-Stokes) au cours du sommeil en cas d'instabilité du contrôle ventilatoire (tendance à hyperventiler) oriente plutôt vers une cause cardiaque alors qu'une respiration ataxique avec diminution de la respiration au cours du sommeil est plutôt en lien avec une cause médicamenteuse ou des lésions de la base du crâne d'origine vasculaire, tumorale ou compressive ».
Un syndrome d'apnées centrales du sommeil doit notamment faire rechercher une maladie cardiaque – en particulier l'insuffisance cardiaque (IC) et la fibrillation auriculaire (FA). À l’inverse, la plus grande fréquence de ces apnées chez les patients souffrant d’IC ou de FA justifie de leur demander systématiquement s'ils dorment bien.
Également à rechercher, une affection neurologique (AVC récent, syndrome d'Arnold-Chiari source de compression de la base du crâne ou lésion du tronc cérébral d'origine inflammatoire, vasculaire ou tumorale) ou, enfin, une cause médicamenteuse : « en priorité, les opioïdes à visée antalgique ou substitutive, le baclofène dans la spasticité ou le sevrage éthylique où il est prescrit à des doses plus élevées et le ticagrélor », précise le Pr Gagnadoux.
Il est important de décrire la séméiologie des évènements respiratoires
Pr Frédéric Gagnadoux
On parle de syndrome d'apnées centrales du sommeil idiopathique en l'absence de cause retrouvée (plutôt chez des sujets plus jeunes et insomniaques). Enfin, un tout petit pourcentage de patients présente des apnées émergentes sous Pression Positive Continue (PPC), sans doute parce qu'ils avaient des apnées obstructives associées à une instabilité centrale qui a été démasquée lorsque les apnées obstructives ont été traitées.
Pas de traitement systématique
Le traitement est indiqué lorsque les apnées centrales sont associées à des symptômes et des plaintes diurnes et/ou nocturnes.
Si une étiologie a pu être identifiée, on va tenter de supprimer l'agent causal : résolution du trouble du rythme, optimisation de la fonction cardiaque en cas d'insuffisance cardiaque, etc. Si c'est un médicament qui est en cause, il faut discuter avec le prescripteur de la possibilité de baisser la posologie ou d'arrêter le traitement.
À défaut ou en l'absence de cause curable, sous réserve de l'absence d'hypercapnie aux gaz du sang et d'une fraction d'éjection cardiaque (FEVG) normale – d'où la nécessité de faire une échographie cardiaque –, un traitement par pression positive au cours du sommeil est mis en place ; mais, à la différence de la PPC utilisée pour traiter les apnées obstructives, on utilise ici la ventilation auto-asservie (ventilation en pression positive avec une aide inspiratoire qui fluctue de façon à stabiliser la respiration du patient).
D’après un entretien avec le Pr Frédéric Gagnadoux, chef du service de pneumologie, CHU Angers
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