En 2010, les recommandations de la Haute Autorité de santé quant au dépistage du diabète gestationnel (DG) ont institué un dépistage précoce dès le premier trimestre pour les femmes présentant un facteur de risque, à savoir un IMC supérieur ou égal à 25 kg/m2, un âge supérieur à 35 ans, un antécédent de diabète dans la famille au premier degré ou un antécédent de DG. Ce dépistage précoce vient s’ajouter au dépistage classique « tardif » systématique, réalisé entre la 24e et la 28e semaine, au moment où l’insulinorésistance augmente. Il a notamment pour but de dépister au plus tôt les diabètes de type 2 (DT2) méconnus associés à une morbidité, dont des malformations fœtales, mais aussi cette nouvelle entité nommée DG précoce, les études épidémiologiques ayant mis en évidence un surrisque materno-fœtal associé.
Une nette augmentation de la prévalence
Conséquence de ce double dépistage : on a assisté à une nette augmentation des DG. En France, les données de l’Assurance-maladie (Sniiram) mettent en évidence, entre 2011 et 2014 une augmentation de la prévalence du DG dans la population, passant de 6,4 % à 9,3 %. Le dépistage précoce a donc majoré de près de 50 % le nombre de femmes enceintes à prendre en charge. Toutes relèvent en effet d’un même suivi, associant des mesures hygiénodiététiques, une autosurveillance glycémique, et, dans nombre de cas, une insulinothérapie. Ce dépistage précoce a ainsi induit un surcroît important de travail et un coût non négligeable – sans compter le stress des futures mères. Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Lors du congrès, deux études monocentriques ont dressé un premier bilan de ces recommandations quant à l’évolution de l’incidence du DG et aux complications materno-fœtales. Leurs résultats suggèrent que l’on en fait trop. Toutefois, avant que l’on jette le bébé avec l’eau du bain, ils méritent d’être confirmés et précisés dans une étude multicentrique randomisée. Mais ils soulèvent dès aujourd’hui la question du rapport bénéfice-risque de cette stratégie sur le plan médico-économique, sans parler du possible surtraitement des futures mères.
D’après les présentations du Pr Emmanuel Cosson (CHU de Bondy), « Le dépistage du diabète gestationnel précoce en population est-il associé à un meilleur pronostic ? Une étude observationnelle », et de la Pr Anne Vambergue (CHRU de Lille), « Diabète gestationnel précoce versus diabète gestationnel tardif : analyse des issues de grossesses dans une cohorte de 2 948 patientes », SFD, Nantes, 22 mars 2018
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