Dernièrement, l’ASN s’est dite préoccupée par l’augmentation des doses de rayonnement ionisant délivrées en imagerie médicale, notamment du fait du scanner. Cette inquiétude vous parait-elle justifiée ?
Pr Hubert Ducou le Pointe. Il y a, c’est un fait, une augmentation du nombre de scanners réalisés en France, Mais, de mon point de vue, cette augmentation bénéficie au patient puisqu’elle reflète, d’une part, les progrès réalisés en imagerie tomodensitométrique ces dernières années – avec notamment le développement de nouvelles technologies comme le coroscanner ou le coloscanner – et, d’autre part, la mise en avant du scanner dans certaines indications en substitution à d’autres examens moins contributifs. Par exemple, dans son rapport sur les non-indications de l’ASP, la HAS préconise, dans de nombreux cas, d’abandonner l’ASP au profit du scanner beaucoup plus performant pour les patients. Il paraît donc assez logique que le nombre de scanners augmente.
Cette augmentation n’est-elle pas sans danger pour les patients ?
Pr H.D.L.P. La question est, en effet, de savoir si cette augmentation entraînera des effets secondaires pour la population ou non. Or, s’il est incontestable que les rayonnements ionisants ont des conséquences à fortes doses, rien n’est prouvé, en revanche, dans le domaine des faibles doses … Par ailleurs, cette augmentation ne concerne pas tous les individus de la même façon et la dose efficace moyenne de 1,3 mSv par an et par individu attribuée à l’imagerie médicale diagnostique en France recouvre de grandes disparités en fonction de l’âge. Très clairement, la majorité des doses concerne des patients de plus de
50 ans pour qui les conséquences seront moindres. À l’inverse, là où il faut faire attention, c’est-à-dire dans les populations pédiatriques, les doses restent extrêmement faibles.
L’ASN appelle à maîtriser cette augmentation des doses. Cela vous paraît-il réaliste ?
Pr H.D.L.P. La maîtrise des doses passe notamment par la substitution de techniques irradiantes par des techniques non irradiantes comme l’échographie en pédiatrie et l’IRM. Sur ce sur ce point, il y a donc des questions politiques qui se posent : si l’IRM était plus accessible, si on avait une politique volontariste pour développer le parc d’appareils, la substitution se ferait de façon toute naturelle. Mais, pour l’heure, il y a encore beaucoup d’examens que nous réalisons en TDM, faute d’IRM disponible en urgence ou même dans un délai raisonnable. Par manque d’IRM, on est obligé de faire des examens tomodensitométriques !
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