Un recrutement en panne

En 2015, Nutrinet ajoute un volet d’étude sur le vieillissement cognitif

Publié le 22/01/2015
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Après des premières années d’enrôlement de « nutrinautes » particulièrement dynamiques, le rythme est quelque peu retombé ces derniers temps avec une progression de moins de 10 000 nouveaux volontaires en 2014. « On a un peu plus de mal à recruter », reconnaît le Pr Serge Hercberg, directeur de l’Unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle (INSERM/INRA/CNAM/Université Paris-13) et président du programme national nutrition santé.

« On continue à rechercher des volontaires, on continue de demander à nos cliniciens de recruter, d’en parler autour d’eux de manière à inscrire soit des gens bien portants, soit des malades car on s’intéresse au suivi de certaines pathologies », ajoute-t-il. Les équipes de Nutrinet mènent aussi ponctuellement des opérations de promotion de l’étude dans certaines régions encore sous-représentées au sein de la cohorte, comme la Picardie ou le Nord-Pas-de-Calais. Et Nutrinet ne se limite pas qu’à la France. « L’idée, c’est d’élargir la cohorte au niveau international », explique le Pr Hercberg. Alors qu’une cohorte se développe depuis 2013 en Belgique francophone, une coopération avec la Suisse devrait débuter prochainement, tandis que des discussions avec le Québec sont en cours. Le but est évidemment de réaliser des comparaisons entre cohortes avec des modèles de consommation et de comportements alimentaires différents selon les pays.

Objectif 500 000

À l’origine, le projet Nutrinet vise 500 000 personnes « pour finalement en avoir 300 000 réellement incluses dans la cohorte », rappelle le Pr Hercberg. Un tel seuil permettrait aux équipes de bénéficier de la puissance statistique suffisante lorsqu’il s’agit par exemple de relier des localisations très spécifiques de cancer à la nutrition. « Nous ne serons pas frustrés si l’on n’atteint pas ce chiffre de 500 000 car nous sommes aujourd’hui capables de répondre à 90 ou 95 % des hypothèses », ajoute le responsable du programme Nutrinet.

D’autant que d’autres chantiers importants sont d’ores et déjà accomplis, notamment au niveau de la biobanque d’échantillons. Ainsi, les bilans cliniques et biologiques « optionnels » réalisés grâce à un réseau de plus de 90 centres sont actuellement suspendus. « Nous avons atteint les 20 000 sujets que l’on envisageait avec les moyens financiers dont nous disposions. On refuse actuellement des personnes, sachant qu’une nouvelle demande de financement est en cours pour soutenir une autre vague de prélèvements », indique le Pr Hercberg.

Publications internationales

La plus grande partie de ces échantillons servira à mener des analyses spécifiques. Ainsi, dans le cadre de l’étude BioNutrinet lancée en mars 2014 sur la consommation des aliments issus de l’agriculture biologique, des échantillons de la Biobanque permettront de scruter des différences dans le sang au niveau des marqueurs nutritionnels ou sur le plan toxicologique entre les sujets qui mangent bio et ceux qui consomment les mêmes types d’aliment mais non bio, avec les mêmes comportements. Depuis le lancement du programme Nutrinet santé, les équipes du Pr Hercberg ont déjà une quinzaine de publications internationales à leur actif. « On publie de plus en plus et c’est une source d’information gigantesque pour les chercheurs de mon équipe et pour les autres », confie-t-il. 2015 va notamment être l’année du lancement d’un nouveau grand volet de l’étude, concernant le vieillissement cognitif en fonction de l’âge et de certaines caractéristiques nutritionnelles.

Samuel Spadone

Source : Le Quotidien du Médecin: 9380