À LA SUITE des derniers événements dramatiques dont ont été victimes des médecins libéraux (*), les syndicats de médecins libéraux s’emparent du dossier. Il faut dire que les chiffres communiqués par l’Observatoire de la sécurité des médecins, mis en place par l’Ordre en 2003, mettent en évidence l’ampleur du problème. En 009, 62 % des médecins libéraux victimes d’agressions étaient des médecins généralistes. Au cours de la même période, les agressions physiques ont progressé de 16 %, et si les agressions verbales représentent plus de la moitié des incidents déclarés, les vols et tentatives de vol sont la deuxième cause d’agressions. L’Ile-de-France concentre le plus grand nombre de cas déclarés, mais certains départements comme le Nord, l’Isère ou la Seine-Maritime sont également très concernés.
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a repris récemment l’initiative sur ce dossier en rencontrant le cabinet du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, pour lui demander d’agir avec détermination. Selon le communiqué publié par le syndicat à l’issue de cette rencontre, le ministère aurait repris à son compte un certain nombre de ses propositions, comme celle d’installer des caméras à proximité des cabinets les plus exposés, dans les maisons médicales de garde par exemple. Le ministère aurait également repris l’idée de la CSMF de mettre en place, dans chaque commissariat, un référent unique capable d’intervenir en cas de danger. Enfin, une ligne directe devrait bientôt relier les Centres 15 au commissariat le plus proche.
À l’Ordre des médecins, le Dr André Deseur rappelle néanmoins que l’idée du référent unique dans chaque commissariat, pour intéressante qu’elle soit, n’est pas neuve, puisqu’elle a déjà été mise en place voici cinq ans sur une initiative... ordinale. « C’est lorsque nous avons publié le livret de sécurité des médecins en 2005 que nous avons mis ce dispositif en place avec l’aide du ministère de l’Intérieur », rappelle André Deseur. À l’époque, le dispositif comportait un référent unique dans un commissariat pour chaque secteur de garde, mais le Dr Deseur reconnaît que « dans beaucoup de départements où les agressions de médecins ne sont pas courantes, le dispositif ne fonctionne plus, soit parce que le référent a quitté le commissariat où il officiait, soit tout simplement parce que les médecins ont oublié cette possibilité qui leur est offerte et ont perdu le numéro de téléphone de ce correspondant ». André Deseur rappelle enfin qu’un conseil départemental de l’Ordre peut se substituer à un médecin si celui-ci n’ose entamer des poursuites contre un agresseur par peur de représailles. Les médecins peuvent contacter le conseil départemental de leur ressort pour obtenir le nom et le numéro de téléphone de ce correspondant dans les commissariats, mais André Deseur reconnaît que le dispositif ne fonctionne plus dans un certain nombre de départements. L’Ordre est donc en train de réactiver ces circuits courts, notamment à Paris, et dans le département des Hauts-de-Seine.
(*) À la fin du mois de novembre dernier, un généraliste lyonnais a été retrouvé sans vie, ligoté sur le sol dans son cabinet mis à sac. Un autre médecin a été abattu par balles en Corse devant son cabinet.
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