« Tout ce que mon fils a appris en fac sur l’homéopathie, en cours d’histoire de la médecine, c’est qu’il s’agissait d’une fraude médicale du XIXe siècle, rapporte le Dr Gérard Langman. Comment voulez-vous qu’avec un tel rabâchage les jeunes aient encore envie de s’orienter vers notre pratique ? » Parmi des praticiens dont la plupart ont autour de la soixantaine, quelques jeunes font figure de dernier des Mohicans. Atteints par l’homéo-bashing, mais passionnés. « La haine des anti-fakemed me prend aux tripes, confie le Dr Amandine Roth, 33 ans, qui fait des remplacements en Alsace. Je serais une sorcière, ou du moins une imbécile parce que je prescris des traitements homéopathiques aux seuls effets placebo ! Mais je suis bac + 9 comme eux, je n’ai pas moins de compétence clinique qu’eux et j’ai été classée dans les 500 premiers sur 6 300 au concours de l’internat ! Tous les jours, j’apprécie toute l’efficacité de mes prises en charge, pas seulement pour les rhino-pharyngites et les affections virales, mais pour les patients chroniques, les traitements de fond, les soins de support en cancérologie. (Le Dr Roth est titulaire d’un DU de cancérologie et soins de support). Mes patients me donnent des retours très positifs. »
Et ce sont ces patients, justement, qui l’ont amenée à s’inscrire au DU d’homéopathie, en 2017, par leurs fréquentes demandes à son sujet. Elle a décroché son diplôme en janvier après deux ans d’études difficiles, « 230 heures de cours pour s’initier à une nouvelle gymnastique d’esprit, par l’écoute et la recherche des clés pour trouver le bon traitement. « C’est dur, c’est chronophage, mais c’est passionnant de s’adapter à chaque malade. »
À 38 ans, le Dr Nicolas Dry s’est installé il y a huit ans à Strasbourg et il a terminé le DU d’homéopathie en 2018, lui aussi à l’instigation de nombreux patients qui le sollicitaient. « Le diplôme n’est pas offert, confirme-t-il. Il y a beaucoup de mémorisation, et être un amoureux de la nature et du végétal, cela m’a aidé. Et puis il y a toute une démarche réflexive à assimiler. »
Pas de mention sur la plaque ni sur les ordonnances.
Aujourd’hui, le Dr Dry n’a pas mentionné homéopathe sur sa plaque, ni sur ses ordonnances. « Pour les chroniques plus que pour les aigus, je prescris l’homéopathie en première intention, mais ça ne réussit pas à 100 % et je n’hésite pas à prescrire de l’allopathie dans un deuxième temps. Il y a un gain intellectuel à envisager une prise en charge globale. Les généralistes font la synthèse des spécialités, les homéopathes y ajoutent une réflexion sur les causes, sans se limiter aux symptômes. Nous ne faisons pas que proposer des rustines avec les traitements anti (anti-douleurs, anti-infllamatoires, anti hypertension, anti cholestérol), nous nous intéressons à l’activité, à l’hygiène de vie, à la diététique, au stress de nos patients. »
« Je ne sais pas ce que va devenir l’homéopathie, je suis inquiète, confie le Dr Roth. On nous crache tellement dessus ! » « Peu de jeunes font notre choix, constate le Dr Dry. À terme, si les DU s’arrêtent, après le déremboursement, l’homéopathie risque de tomber aux mains des naturopathes », redoute-t-il.
Alors, des jeunes médecins renoncent déjà, tel le Dr Camille Dez, qui après avoir validé un DU à Reims, nous annonce qu’elle ne s’est finalement « pas installée en homéopathie. »
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