Madame la ministre,
Je suis remplaçante en médecine générale depuis 7 ans en Alsace.
Étant de plus en plus souvent confrontée à des demandes de prescriptions homéopathiques auxquelles je ne pouvais pas répondre, je me suis inscrite en janvier 2017 au DU d’Homéopathie à la faculté de Strasbourg.
Cette formation m’a permis d’élargir mes capacités de prescriptions, m’offrant ainsi la possibilité de prescrire ce qui me paraît le plus adapté, selon le tableau clinique que présente le patient, après évaluation du rapport bénéfice/risque et en tenant compte des recommandations officielles de bonne pratique ou des conférences de consensus.
Je prescris donc l’homéopathie soit seule, soit en complément de mes prescriptions allopathiques, pour en améliorer la tolérance ou en potentialiser l’effet. Enfin, je prescris des traitements de fond homéopathiques pour prévenir la survenue de certaines pathologies. Si guérir un malade est gratifiant, l’aider à ne pas tomber malade l’est également.
Cette formation m’a aussi permis de développer mon sens de l’écoute. Car, si l’examen clinique reste le même qu’en médecine conventionnelle, l’interrogatoire est très différent : j’ai dû apprendre à poser des questions ouvertes et laisser le patient s’exprimer, prenant ainsi en compte des informations auxquelles je ne prêtais pas attention auparavant.
Il est essentiel que les médecins continuent à être formés à l’homéopathie afin que cela reste une prescription médicale. Tout médecin devrait - à mon sens - avoir durant ses études un enseignement de base en homéopathie, de même qu’en acupuncture. Libre à chacun de choisir ensuite d’approfondir ou non ces connaissances de base par un DU.
Certains patients continueront à prendre de l’homéopathie malgré son déremboursement, mais les plus modestes ne pourront pas se le permettre et cela entraînera une médecine à deux vitesses. N’est-ce pas injuste, en soins de support en cancérologie, que seuls les plus aisés aient alors les moyens de prendre de l’homéopathie pour leur permettre de mieux supporter les traitements lourds qui leur sont indispensables ?
L’étude EPI 3 a mis en évidence en 2013 que les patients suivis par un homéopathe prenaient 3 fois moins de psychotropes, 2 fois moins d’AINS et d’antalgiques et 2 fois moins d’antibiotiques. Cette étude a conclu que la prise en charge homéopathique donnait les mêmes résultats thérapeutiques que la prise en charge conventionnelle sur un suivi d’un an, dans les principales pathologies rencontrées en médecine générale, tout en diminuant la consommation de médicaments à l’origine d’effets secondaires potentiels, et ce, sans qu’aucune perte de chance pour les patients n’ait été retrouvée. Sur le plan économique cela représente 35 % de dépenses en moins, honoraires de consultation et coût de prescription inclus.
J’espère que le remboursement de l’homéopathie sera finalement maintenu, par respect pour tous les patients qui en bénéficient, étrangement maintenus à l’extérieur des débats, alors qu’ils sont le cœur de notre métier.
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