Actualisation régulière des compétences

La profession ne boude pas la recertification périodique

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Publié le 08/11/2018
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« Satisfaits », « en accord avec nos positions » : à quelques exceptions, les syndicats de médecins libéraux et les structures jeunes saluent les principes de recertification présentés cette semaine au gouvernement par le Pr Serge Uzan, doyen honoraire de la faculté de médecine Sorbonne Université.

Davantage qu'un contrôle, le Pr Uzan recommande une certification et une validation périodique du parcours professionnel et des acquis « tous les six ans », dans le cadre d'une démarche « attractive, sans stress administratif », adaptée à la pratique médicale, et qui concerne l'ensemble des médecins inscrits à l'Ordre (tous modes d'exercice, toutes spécialités).

La périodicité de six ans fait consensus. « Ce n'est pas trop rapproché, ça ne crée pas de lourdeurs », estime Pierre Guillet, premier vice-président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). « Il y a deux gagnants, abonde Sylvain Gautier, secrétaire général de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI). Le médecin qui maintient un niveau de compétences et de connaissances qui le rassure et le patient à qui on assure une qualité des soins ». 

Le Pr Uzan recommande que la démarche s'applique de façon obligatoire à tous les nouveaux médecins diplômés à partir de 2021 dans le cadre du 3e cycle rénové des études médicales mais que la procédure soit « ouverte et fortement encouragée » à tous les autres praticiens. En attendant les arbitrages du gouvernement, MG France et la CSMF insistent sur l'importance du volontariat. « Il est fondamental pour que la procédure soit acceptée par le médecin et qu’il y trouve des intérêts pour sa carrière », prévient le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « C'est un processus d'accompagnement et non de contrôle », abonde le Dr Jacques Battistoni, président de MG France.  

Le SML réclame un effort sur le financement de la formation

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) salue un rapport « équilibré », y voyant un dispositif de promotion et de valorisation et non pas « coercitif ». Mais attention aux travaux pratiques, met en garde le SML. Pas question de transformer cette procédure en « chemin de croix administratif ». Gros bémol pointé par le syndicat : le financement de la formation qui suppose un effort « considérable ».   

Le syndicat du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) espérait que les recommandations soient plus ambitieuses. « Nous avions préconisé une généralisation à l'ensemble des médecins dans 10 ans afin d'avoir un système homogène, commente le Dr Vanessa Fortané, vice-présidente de ReAGJIR. La profession reste hétérogène : comme pour le DPC, certains ne se formeront jamais, d'autres le feront mais n'utiliseront pas dans leur pratique ce qu'ils ont appris ».

Parmi les critères de recertification cités dans le rapport, la qualité de vie et la santé au travail du praticien est appréciée. Le Pr Uzan propose un auto-questionnaire standardisé pour évaluer l'épanouissement du médecin. « Il mènera le médecin à s'interroger sur sa propre santé », salue le Dr Ortiz. 

Extrêmement critique, l'UFML-Syndicat s’élève en revanche contre « une agression de plus » faite à la profession. « La certification obligatoire des médecins libéraux et en particulier des généralistes est une honte à l'heure des déserts médicaux et de la pénurie médicale », tonne l'organisation. « Avec près de 30 jours de formation par an annoncés et alors qu’il manque des médecins partout, qui remplacera les médecins pendant qu’ils se forment ? Les assistants ? Les pharmaciens ? ».

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9700