Un sentiment de déception prédomine au sein collectif de pédiatrie, malgré le déblocage par le gouvernement, hier mercredi, d'une enveloppe de 400 millions d'euros en réponse à la crise de la pédiatrie. Si « François Braun semble reconnaître la problématique actuelle de la pédiatrie », les mesures annoncées ne « sont en aucun cas de taille à permettre la survie de la pédiatrie et l’arrêt des soins dégradés à nos enfants », a alerté l’organisation dans la soirée, après les annonces gouvernementales. L’enveloppe est ainsi jugée « totalement insuffisante » pour mettre en place des ratios soignants/patients, considérée comme « la seule solution » pour arrêter la fuite du personnel soignant.
Le collectif demande également des précisions sur le contenu de l’enveloppe : services et secteurs concernés, délais, période de déploiement, etc. D’autant plus que ces 400 millions engloberont l'enveloppe de 150 millions d'euros déjà débloquée la semaine dernière et qui est « à destination des services hospitaliers en difficulté, dont fait partie la pédiatrie », relativise la Dr Mélodie Aubart (AP-HP), une neuropédiatre du collectif. Quant à la Pr Isabelle Desguerre, cheffe de service à l’hôpital Necker, elle considère que ces crédits seront laissés à « la discrétion des ARS et des directeurs d’hôpitaux, donc on ne sait pas quand la pédiatrie en verra la couleur ».
La FHF demande d'aller plus loin
De son côté, la Fédération hospitalière de France (FHF) estime aussi que cette enveloppe élargie montre que le gouvernement « mesure l’ampleur de la situation dans les hôpitaux ». Il reste désormais à l'intégrer au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en cours d'examen au Parlement. L'occasion pour son président, Arnaud Robinet, de réclamer, à nouveau, « un choc d’attractivité plus pérenne », pour sortir de « la politique de la rallonge permanente ».
En outre, la FHF attend que la majoration de la rémunération des heures de nuit, également annoncée par François Braun, se fasse « dans la durée ». Une mesure jugée tout aussi « nécessaire » par le collectif de pédiatrie, persuadé néanmoins qu’elle contribuera à court terme à « augmenter la charge pesant sur les soignants », ce qui pourrait précipiter leur départ. Quant à l'extension de la prime de soins critiques à l’ensemble des soignants, elle est certes « indispensable » pour le collectif mais elle ne concerne qu’une « infime partie des soignants en pédiatrie ».
Or, il faudrait avant tout mettre en place des mesures « structurelles et pérennes », sous peine de voir le secteur de la pédiatrie « s’embraser puis s'effondrer », avertit également le collectif.
Attaque pour « carence fautive »
Enfin, il demande à Emmanuel Macron de reconnaître « la responsabilité de l’État » dans la crise actuelle de la pédiatrie. Cette revendication va dans le sens de la démarche de six organisations qui ont annoncé, ce jeudi, avoir porté un recours contentieux au tribunal administratif de Paris pour « carence fautive » contre l'État. Les collectifs inter-hopitaux (CIH) et inter-urgences (CIU) avec la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité et trois associations de patients (Laurette Fugain, Aide aux jeunes diabétiques et l'Association maladies foie enfants) veulent, de cette manière, enjoindre l'État à « endosser ses responsabilités », définies par l’article L 1 411-1 du Code de la santé publique.
Ils estiment, en effet, que le droit à la santé des patients ou des soignants, celui du respect de la dignité de la personne malade ou encore de recevoir les traitements les plus appropriés ne sont plus assurés. Concrètement, l'objectif de la procédure est également de définir des ratios « patients par soignant » suffisants et des « seuils critiques ajustés sur les activités des établissements ».
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