Un chirurgien et une anesthésiste sont jugés ce vendredi à Créteil pour le décès d'une enfant de 6 ans survenu après une intervention en 2009, au CHU du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). L'AP-HP, qui gère l'établissement, est aussi sur le banc des prévenus, tous jugés pour « homicide involontaire ».
L'enfant, qui souffrait d'infections urinaires chroniques, devait subir une intervention chirurgicale, dite « de Cohen ». Après l'opération, son état s'est dégradé. Poussées de fièvre, vomissements, jusqu'à l'arrêt cardiaque. Verdict de l'autopsie : une « mort par choc septique ».
Une série de négligences
L'enquête, ouverte après le dépôt de plainte de la famille dès le lendemain du décès, révélera une série de négligences au sein de l'équipe médicale.
La veille de l'opération, un germe infectieux est détecté dans les urines de la fillette, ce qui « aurait dû conduire au report de l'intervention chirurgicale », selon trois experts mandatés par la juge d'instruction. Mais ni le chirurgien, ni l'anesthésiste ne pensent à consulter les résultats de cet examen obligatoire.
Le premier assume sa responsabilité mais explique, d'après l'instruction, que c'était « avant tout à l'interne (...) et à l'infirmière » d'attester que le dossier médical du patient était complet.
La seconde, elle, estime que « ce n'était pas dans les attributions systématiques de l'anesthésiste », mais dans celles du chirurgien, de s'assurer de l'existence d'un tel examen, dont le résultat « devait avoir été vérifié en amont » par un interne de garde.
Des erreurs accumulées sont évoquées dans l'affaire ouverte. Enfin informé de la présence d'une bactérie dans les urines de la fillette, le chirurgien pose un mauvais diagnostic et prescrit un traitement antibiotique par voie orale, inadapté et insuffisant, selon les experts.
L'anesthésiste, de garde la nuit suivante, est avertie par un interne de la persistance des symptômes. Si elle ordonne, à raison, un traitement antibiotique par intraveineuse et un examen sanguin, elle ne se déplace pas dans la chambre de l'enfant. Une faute selon les experts, qui estiment que l'enfant aurait dû être transférée en réanimation, « ce qui aurait peut-être permis d'éviter le décès ».
Depuis le drame, aucune intervention chirurgicale ne débute dans ce service sans la lecture d'une check-list devant l'ensemble du personnel soignant présent dans le bloc opératoire.
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