Alors interne dans le Limousin, le Dr Karen Rudelle a observé pendant cinq mois les consultations de son maître de stage, le Dr Gaëtan Houdard. De la durée des consultations au moindre geste du praticien, la jeune femme a relevé tout ce qui se passait dans le cabinet du médecin, à raison de deux demi-journées par semaine. Puis, « découpant » en tranches chaque colloque singulier, elle a déterminé quelles procédures auraient pu être effectuées par un autre professionnel. Comme elle l’explique, « selon le contexte, la prise de tension, la bandelette urinaire sont des gestes qui peuvent être délégués, mais après, ce qui est plus de l’ordre de la réflexion et de l’action thérapeutique, c’est quand même le rôle du médecin. » En revanche, elle assure que la transférabilité doit pouvoir être mise en place en présence de patients suivis au long cours ou atteints de pathologies chroniques. « Par exemple, sur une rhino-pharyngite de l’enfant, le généraliste va prendre en charge l’enfant, il va expliquer aux parents comment faire, mais après il n’y a pas forcément besoin d’une répétition des explications pour la prise en charge », décrypte-t-elle.
Un cinquième de l’activité en médecine générale transférable ? Question de contexte aussi. Le Dr Houdard qui l’a accueilli en stage n’est pas certain de pouvoir arriver à ce résultat dans son cabinet de Saint-Victurnien. Certes, installé en milieu rural en bordure du parc naturel du Périgord, il délègue déjà certains actes. « Mais je suis limité dans la pratique, car il manque des professionnels, les infirmiers ici sont complètement débordés et il y a un problème de cotation, ils ne peuvent pas faire, par exemple, d’éducation thérapeutique. »
« Les esprits sont ouverts » Son stage de niveau 1, le Dr Alicia Pillot l’a, elle aussi, en partie consacré à cette question de la transférabilité des procédures de soins. Elle se rappelle de ces journées hebdomadaires de recueil des données dans le cabinet du Dr De Lorenzi, en grande banlieue lyonnaise. Tout en évaluant la qualité des soins pour le malade et sa sécurité, « il fallait réfléchir à la possibilité de transférer les procédures pour le patient qu’on voyait à cet instant précis », souligne-t-elle. Le résultat de l’étude est similaire à ceux de la littérature étrangère, mais ça l’a tout de même étonnée. « Je ne pensais pas qu’il serait aussi important compte tenu du caractère novateur de la question », confie-t-elle?; ça montre que les esprits sont ouverts sur cette question-là et que c’est une réflexion qui a toute sa place. »
Pas de surprise, en revanche, du côté de son maître de stage. Pour Gilles De Lorenzi, « on peut transférer plein de choses, la prise de taille, la prise de poids, faire un électrocardiogramme, il y a plein de tâches qui sont transférables, c’est évident ».
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