Pourquoi la prise en charge des soins non programmés est-elle devenue une priorité ?
Il suffit d’aller dans un service d’urgences pour voir tous les patients qui n’ont rien à y faire. Beaucoup devraient être dans les cabinets de médecine générale. Il y a de ce point de vue une mauvaise organisation du système de santé. Les médecins libéraux ont souvent raisonné en termes de patientèle et en regroupement de médecins d’une même maison médicale, il n’y a pas eu forcément de réflexion territoriale. Comme les généralistes l’ont fait pour la permanence des soins, nous devons aujourd’hui sur les soins non programmés penser de façon territoriale et collective. Pour les MSP comme pour les communautés professionnelles territoriales de santé, cela pourrait être dans le cahier des charges d’avoir une proposition pour prendre en charge le soin non programmé. De plus en plus proposent déjà de mettre en place des unités de soins non programmés.
Y a-t-il un problème d’horaires d’ouverture des cabinets comme le suggèrent les pouvoirs publics ?
La première chose à faire serait d’élargir les horaires de PDS au samedi matin et au 19-20 heures tous les jours. Il y a déjà des départements où cela se fait. Mais pour les soins non programmés, il n'est pas pertinent de parler en heures d’ouverture. Ce qui importe c’est la réponse à la demande de soins. Cela passe d’abord par une régulation médicale. On peut dire effectivement qu’un patient doit pouvoir, de 8 heures à 20 heures avoir au moins une réponse téléphonique.
Vous affirmez que les médecins devraient pouvoir prendre en charge 20 à 30 % des patients en plus. Comment ?
Cela passe par les nouveaux métiers : assistants médicaux, infirmières de pratique avancée... Un seul outil n’est pas suffisant, il en faut plusieurs en fonction des besoins d’un territoire, on peut aussi évoquer la téléconsultation ou les plateformes territoriales d’appui.
Faut-il un financement spécifique pour la prise en charge des soins non programmés ?
Quel intérêt un généraliste a-t-il à désorganiser sa journée pour prendre en charge des soins non prévus ? D’autant plus que ce sont de plus en plus des patients sans médecin traitant, qu’on ne connaît pas, donc cela peut-être plus long. Mais pour l’Assurance maladie, le soin non programmé n’est pas forcément évident à identifier. Je ne crois pas que cette activité passe forcément par une rémunération à l’acte mais quand vous allez aux urgences, il y a une secrétaire, une infirmière, le médecin. Dans les unités de soins non programmés qui naissent ici et là, très clairement il y a du temps de secrétariat, d’infirmière, prévu, le médecin n'est pas seul à accueillir le patient.
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