Appréhender le patient dans sa globalité, poser des diagnostics « de situation », proposer un accompagnement complet des personnes… Ces préceptes, qui impliquent de se mettre à la place des patients au-delà de considérations purement biomédicales, ont de quoi interroger sur les limites des attributions des médecins.
En fait, aucun sujet ne semble plus considéré a priori comme totalement coupé du champ de la santé. En témoignent l’engagement de l’Ordre des médecins dans la lutte contre les violences intrafamiliales, des sessions du dernier Congrès de la médecine générale France dédiées à la conduite automobile ou la composition des cosmétiques, ou encore une thèse de médecine générale de 2021 consacrée au « rôle du médecin traitant dans l’éducation des enfants ».
Du point de vue du droit, deux limites principales se dégagent. L’article R.4127-51 du code de la santé publique impose de « ne pas s’immiscer sans raison professionnelle dans les affaires de famille ni dans la vie privée de ses patients ». Et le serment d’Hippocrate – certes « sans valeur juridique » mais « fondateur de la déontologie médicale », rappelle l’Ordre des médecins – fait promettre de « ne rien entreprendre qui dépasse (ses) compétences ».
Autre seuil à ne pas franchir : trop en faire à la place de l’autre. « Accompagner ne veut pas dire se substituer aux personnes, mais favoriser leur autonomie et leur responsabilisation », explique Maëla Paul, formatrice et docteur en sciences de l’éducation, spécialiste de la notion d’accompagnement.
Une frontière supplémentaire concerne celle de l’épuisement des médecins, « noyés » sous les problématiques sociales du fait de la conjoncture actuelle. « Récemment, j’ai prescrit des compléments alimentaires à une personne âgée qui n’avait plus les moyens de manger de la viande, aidé des patients à percevoir certaines allocations », énumère la Dr Julie Chastang.
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« Que feriez-vous à ma place ? »
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Au-delà des considérations biomédicales
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