Des parallèles troublants et des similitudes qui interrogent la Cour. Ce jeudi 15 mai, Jean-André Cuot, ancien collègue de Joël Le Scouarnec – jugé depuis le 24 février au tribunal judiciaire de Vannes pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients – a été entendu comme témoin.
Anesthésiste à la retraite, Jean-André Cuot a exercé au centre hospitalier de Jonzac entre 2011 et 2019. Joël Le Scouarnec y a, lui, pratiqué de 2008 à 2017, jusqu’à sa mise en cause après le viol présumé d’une fillette de six ans qui était sa voisine.
« Une douche froide »
Âgé aujourd’hui de 70 ans, Jean-André Cuot n’a pas fait le déplacement jusqu’à Vannes, invoquant des difficultés financières malgré une retraite avoisinant les 5 000 euros. « Le fait de ne pas venir à Vannes n’a rien à voir avec le fait de ne pas vouloir être confronté aux victimes de Le Scouarnec ? », interroge, dubitative, la présidente de la Cour. « Non ce n’est pas du tout ça », répond l’ancien praticien, entendu en visioconférence depuis le tribunal de Saintes.
Souvent confus et peu volontaire pour répondre aux questions qui lui sont posées, l’ancien praticien condamné notamment pour détention d’images pédopornographiques en 2008 nie toute connaissance des agissements de son ex-collègue. « J’ai travaillé avec lui comme avec tous les autres chirurgiens de Jonzac, et avec toutes les autres spécialités. J’ai appris sa condamnation alors que j’étais encore en poste, le jour de son arrestation à l’hôpital. Ça a été une douche froide pour moi, je n’étais au courant de rien », a-t-il déclaré à la barre.
Était-il informé que Joël Le Scouarnec avait, lui aussi, été condamné pour détention d’images pédopornographiques en 2005 ? « Non, je ne l’ai su que plus tard dans la presse », assure-t-il. Interrogé de nouveau sur ce point, Jean-André Cuot tient d’ailleurs à marquer la différence avec son ancien collègue et fuit tout amalgame. Il parle, à son sujet, de simples « images pornographiques ». « C’étaient des photos de jeunes filles nues, à une époque on parlait plutôt d’esthétisme », tente-t-il de minimiser. « Sur ces photos, ces jeunes filles étaient mineures, ce ne sont donc rien d’autre que des images pédopornographiques », recadre fermement la présidente de la Cour. Le praticien, qui souligne l’importance de distinguer la consultation d’images pédopornographiques du passage à l’acte, semble oublier sa condamnation pour agression sexuelle sur mineurs en 2020. « Vous rappelez-vous au moins le nom de ces deux jeunes filles ? », interroge la présidente de la Cour, qui rappelle que cette condamnation lui a valu sa radiation à l’Ordre. Le praticien à la retraite fini par répondre difficilement.
Solidarité entre les deux médecins ?
Interrogé ensuite sur l’image qu’il avait de Joël Le Scouarnec, Jean-André Cuot n’hésite pas : « Oui, c’était un bon chirurgien… Enfin, je parle uniquement de ses compétences opératoires, pas sur le plan personnel », précise-t-il aussitôt, lorsque la présidente lui rappelle les plus de 300 victimes.
Un avocat des parties civiles enchaîne : « N’y a-t-il pas une forme de solidarité entre deux personnes condamnées pour consultation d’images pédopornographiques ? » « Non, pas du tout, répond Cuot. Le drame pour moi, c’est qu’en étant dans le même établissement que lui, j’ai tout perdu, notamment mon travail. (…) Vous savez, l’anesthésie, c’est ma passion. J’ai fait ça toute ma vie, ça m’a beaucoup apporté et je pense avoir aussi beaucoup apporté aux patients. »
Rattrapé par son passé, le Dr Cuot a été licencié de l’hôpital de Jonzac en 2020, lorsque l’établissement a appris par la presse sa condamnation datant de 12 plus tôt et, surtout, sa proximité professionnelle avec Joël Le Scouarnec, condamné, toujours en 2020, à 15 ans de réclusion criminelle lors de son premier procès, à Saintes.
Le même avocat demande alors s’il estime que Le Scouarnec est responsable de sa chute, concomitante à celle du chirurgien. « Non, il n’en est pas responsable », répond-il. « Le fait que les deux praticiens condamnés pour des faits similaires aient exercé au même moment à Jonzac est-il un hasard ? », interroge un autre avocat. Cuot se contente de répondre : « Oui, un hasard que je regrette. »
Un avocat des parties civiles poursuit : « L’un de mes clients a été opéré par le Dr Le Scouarnec et endormi par vous. Vous comprenez que ces questions sont essentielles pour ceux qui se trouvent aujourd’hui face à cette réalité ? Que leur répondez-vous ? » Jean-André Cuot réagit aussitôt : « Qu’ils n’imaginent pas une seconde que j’aurais pu faire quoi que ce soit. Moi, on m’a appris que les enfants sont des êtres craintifs. De toute façon, je n’ai eu aucun geste déplacé envers quiconque à l’hôpital de Jonzac. »
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