Dans une tribune publiée en ligne mardi 9 mars, des syndicats de médecins (tous non représentatifs) ainsi que des associations de patients, demandent la dissolution du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) qu'ils jugent « inutile » et complaisant vis-à-vis de « professionnels de santé corrompus et maltraitants».
Les 26 signataires, parmi lesquels figurent des syndicats de médecins comme le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) et le Syndicat de médecine générale (SMG), mais aussi le Mouvement d'insoumission aux ordres professionnels (Miop), (déjà à l'origine d'une initiative commune), se basent principalement sur un rapport de la Cour des comptes paru en décembre 2019 qu'ils qualifient d'« accablant ». Les associations à l'initiative de cette prise de parole pointent des « sanctions trop tardives » contre des faits d'agressions sexuelles notamment.
Une justice « d'exception » rendue au détriment des patients
Dans cette tribune, les compétences juridiques de l'Ordre des médecins, dont la mission est notamment de veiller au respect du code déontologique, sont clairement remises en cause.
[Tribune]
— Syndicat Jeunes MG (@SNJMG) March 9, 2021
"Il faut dissoudre l'Ordre des Médecins!"
26 organisations et associations, dont le SNJMG, alertent sur la nocivité de l'Ordre des Médecins. pic.twitter.com/JQ0YCxE1DO
« Les jugements sont rendus sans possibilité d'enquête (...) », arguent les associations et les syndicats qui par ailleurs regrettent « une justice d'exception » rendue « au détriment des intérêts publics et des patients. » Les signataires vont plus loin encore et dénoncent la protection par l'institution de « professionnels de santé corrompus et maltraitants ».
Le Dr Guillaume Getz, du Syndicat de la médecine générale (SMG) en précise les contours dans une interview donnée à l'AFP. Selon lui, « plusieurs plaintes » déposées auprès de l'Ordre à l'encontre de l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec avaient été « classées » sans suite avant qu'il ne soit condamné en décembre 2020 pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs. »
En 2019, le rapport de la Cour des comptes avait d'ailleurs recensé qu'entre 2014 et 2017 « près de 43 % des plaintes pour des faits à caractère sexuel », avaient fait l'objet de rejet par les chambres disciplinaires de l'Ordre.
Toujours selon Guillaume Getz, le Cnom aurait aussi, à plusieurs reprises, « convoqué et rappelé à l'ordre » certains médecins pour « non confraternité » et pour avoir critiqué la pratique des dépassements d'honoraires sur les réseaux sociaux.
Contacté par le Généraliste, l'Ordre des médecins a indiqué qu'il ne souhaitait pas réagir pour le moment.
Aude Frapin avec AFP
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