La dernière semaine du procès en appel du procès Bonnemaison devrait aussi être la plus politique. Après celui de Michèle Delaunay, les jurés devraient en effet entendre -comme à Pau- les témoignages de Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé, de Jean Léonetti, député (Les Républicains) et père de la loi fin de vie de 2005 et de la proposition en cours d'examen au Parlement, ou encore Frédéric Chaussoy, ce médecin de Berck qui en 2003 obtint un non lieu dans l’affaire Humbert.
L’ancien urgentiste jugé en appel pour "empoisonnement" de patients en phase terminale a été encensé vendredi par un témoin pour avoir soulagé l'agonie d'un époux et vilipendé par un autre pour l'avoir "privé d'accompagner" un père mourant. "Je ne dirai jamais assez merci au Dr Bonnemaison. Vous êtes un médecin formidable. Un exemple pour la société", a déclaré Patricia Dhooge, au cinquième jour du procès en appel à Angers. Devant la cour d'assises du Maine-et-Loire, elle a retracé, entre les larmes, l'agonie de son époux Fernand, un des sept patients auxquels Nicolas Bonnemaison est accusé d'avoir administré des sédatifs et abrégé la vie, en 2010.
"On nous parle de l'humanisme du Dr Bonnemaison, alors pourquoi ne nous a-t-il rien dit?" a lancé au contraire André Geffroy, fils d'un patient décédé en 2011 à 92 ans, après une chute et un probable AVC qui l'avaient laissé dans le coma avec un pronostic vital engagé. Nicolas Bonnemaison lui administrera deux injections d'Hypnovel (sédatif), sans que la famille soit informée. "On m'a privé de mes droits d'accompagner mon père jusqu'au bout", affirme André Geffroy, l'un de trois proches de patients à s'être porté partie civile. Il a expliqué, avant le procès, attendre des "explications" et une "condamnation de principe (...) une condamnation avec sursis", car il est conscient que Nicolas Bonnemaison "n'a rien à faire en prison".
L'accusé de 54 ans est apparu la semaine dernière plus détendu, plus combatif aussi, qu'au procès en première instance en juin 2014 à Pau, où, il avait semblé initialement tétanisé. Et il s’est efforcé de fermer les portes au doute. "J'insiste sur ce point", "je tiens à être extrêmement clair"... Avec vigilance, méthodiquement, Nicolas Bonnemaison a rappelé, pour chaque "victime" dont il répond, que "tout ce qu'(il) voulait, c'était soulager" avec des sédatifs, mais "en aucun cas abréger la vie", "provoquer le décès".
Pour Nicolas Bonnemaison, qui encourt la réclusion à perpétuité, mais avait été acquitté en première instance à Pau, le verdict à Angers est attendu samedi 24 octobre.
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