Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien français jugé pour avoir abusé sexuellement de près de 300 patients, en majorité des enfants, a déclaré lundi qu'il en avait « fini de mentir » et qu'il était « prêt à admettre » certains viols.
Il est jugé depuis la semaine dernière à Vannes, dans l'une des plus importantes affaires d'abus sexuels sur mineurs du pays. Il est soupçonné d'avoir agressé ou violé 299 patients, la plupart alors qu’ils se réveillaient d'une anesthésie ou lors de contrôles postopératoires, dans une douzaine d'hôpitaux, entre 1989 et 2014. Deux cent cinquante-six des victimes avaient moins de 15 ans, la plus jeune étant âgée de 1 an et la plus âgée de 70 ans.
« Aujourd'hui, je me sens prêt à reconnaître certains faits de viols que j’ai voulu cacher, nier, je suis prêt à les reconnaître, j’en ai fini du mensonge », a dit l'homme de 74 ans après l'audition du directeur d'enquête sur les fichiers dans lesquels l'accusé répertoriait méticuleusement les violences sexuelles commises sur ses victimes, dont la moyenne d'âge est de 11 ans. Si l'accusé a reconnu durant l'enquête une partie des faits de viols (touchers rectaux) sur des garçons, il n'a reconnu que des agressions sexuelles sur des filles, a relevé le gendarme appelé à la barre. Interrogé sur ses écrits faisant état de viols de petites filles dans ses carnets, il a expliqué « qu'il s'agissait soit d'une exagération de sa part, soit d'un fantasme ».
Des images très violentes
Le chirurgien n'a jamais fait l'objet d'une enquête au cours de sa carrière, malgré une condamnation en 2005 pour possession d’images pédopornographiques, et malgré le fait que certains de ses collègues aient tiré la sonnette d'alarme face à un comportement suspect.
Il a continué à exercer jusqu'à sa retraite, en 2017, après quoi un enfant de 6 ans l'a accusé de viol et la police a découvert des comptes rendus de journal d'abus contre ses patients stockés sur ses ordinateurs. Les victimes et les défenseurs des droits de l’enfant affirment que cette affaire met en évidence les défaillances systémiques qui ont permis à Joël Le Scouarnec de commettre à plusieurs reprises des crimes sexuels.
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L’ancien chirurgien est emprisonné depuis qu'il a été reconnu coupable, en 2020, d'avoir abusé de quatre enfants, dont un enfant de 6 ans et deux de ses nièces. Dans ses notes, le médecin se décrit comme un « grand pervers » et un « pédophile ». La police a également trouvé environ 300 000 images et vidéos sur ses disques durs.
Le tribunal a entendu lundi qu'en plus d'images pédopornographiques, il possédait également des photos et des vidéos « de toutes sortes », selon l'enquêteur principal. « Il regardait des images très violentes, de pendaisons, de décapitations d'êtres humains », a-t-il déclaré au tribunal.
La semaine dernière, Joël Le Scouarnec a également avoué avoir abusé sexuellement de la fille de 12 ans de son fils aîné.
L’Ordre répond aux multiples accusations
Critiqué à multiples reprises pour son « inaction » et sa décision de se porter partie civile dans l’affaire Le Scouarnec, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a décidé de sortir du silence dans un communiqué de pressé diffusé ce lundi 3 mars. « Ce n’est qu’en 2008 que le Conseil national de l’Ordre des médecins a eu connaissance de la décision de condamnation de Joël Le Scouarnec rendue en 2005 pour des faits de consultation et détention d’images pédopornographiques, alors que ce dernier demandait à transférer son lieu d’exercice en Charente-Maritime », lit-on. Dans ce contexte, l’institution « avait alors précisément attiré l’attention du Conseil départemental de Charente-Maritime sur cette situation inacceptable, lequel n’en avait pas tiré les conséquences adéquates et n’aurait pas dû l’inscrire [au tableau de l’Ordre] ».
Avec AFP
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