Les faits sont "gravissimes", a jugé le tribunal de Strasbourg. Une pharmacienne de 33 ans a été condamnée jeudi à 18 mois d'emprisonnement, dont douze avec sursis, pour des surfacturations à grande échelle dans l'officine qu'elle gérait près de la capitale alsacienne, dépassant 560.000 euros de préjudice selon l'assurance maladie. Le tribunal correctionnel de Strasbourg a également ordonné la confiscation des avoirs bancaires saisis de la jeune femme et lui a interdit de gérer une pharmacie pendant cinq ans.
Dans son officine installée à Schiltigheim (Bas-Rhin), qu'elle avait reprise en 2012, la pharmacienne avait mis en place un système de surfacturations utilisant de multiples modes opératoires. Elle falsifiait notamment les ordonnances médicales de ses clients, pour y faire figurer davantage de produits que ceux prescrits, et obtenir des remboursements plus importants de la part de l'assurance maladie. Les assurés, quand ils ne déboursaient rien, grâce au tiers payant, ne se rendaient pas compte de la manoeuvre. Les médicaments en surplus, vendus mais pas délivrés aux clients, étaient ensuite remis en vente dans la pharmacie. Mais de crainte que cette pratique de revente ne soit détectée, la pharmacienne avait fini par y renoncer, décidant de jeter tout simplement les médicaments à la poubelle.
Les enquêteurs, alertés par un signalement d'une cliente puis par les témoignages des employés sur ces agissements, ont pu le constater en fouillant les poubelles de l'établissement. "Je reconnais les faits", a dit la pharmacienne devant le tribunal, évoquant son "inexpérience" et la "pression" qu'elle s'était mise, après s'être endettée pour l'achat de la pharmacie. Elle a en revanche contesté les sommes évoquées. "Ces montants ne correspondent pas à la réalité", a plaidé son avocat, Me Arnaud Muller, contestant la méthode d'évaluation utilisée. Cette question du préjudice et des intérêts civils a été renvoyée à une audience séparée, le 16 novembre, à la demande de l'assurance maladie.
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