Soupçonnée de 13 empoisonnements en Ehpad, une aide-soignante devant les Assises de Savoie

Publié le 08/05/2017
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Crédit photo : TEK IMAGE/SPL/PHANIE

Elle comparaît pour crime d'empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables et risque la réclusion à perpétuité. Une aide-soignante comparaît à partir de mardi devant les assises de Savoie pour avoir empoisonné, avec des mélanges de médicaments, 13 pensionnaires d'une maison de retraite près de Chambéry, dont 10 mortellement. Ludivine Chambet, détenue depuis sa mise en examen fin 2013, aura 34 ans au lendemain de l'ouverture de son procès, prévu pour durer 12 jours. Les victimes, huit femmes et cinq hommes de 76 à 96 ans, étaient accueillies dans l'Ehpad Le Césalet, à Jacob-Bellecombette (Savoie), relevant du Centre hospitalier de Chambéry.

Les faits auraient été commis durant un an, de l'automne 2012 - peu après la prise de fonction de l'aide-soignante - à l'automne 2013. "S'il n'y avait pas eu la vigilance de ce médecin des urgences et ces analyses toxicologiques en novembre 2013, l'ardoise serait plus lourde encore", estime Me Cataldi, avocat de certaines familles.

L'affaire débute en effet le 27 novembre 2013, avec le coma soudain d'Élise Maréchal, 83 ans. Hospitalisée, elle meurt le jour-même. Des analyses toxicologiques révèlent la présence de quatre psychotropes qui ne faisaient pas partie de son traitement. Son décès faisant suite à d'autres cas rapprochés de morts inexpliquées parmi les pensionnaires, des cadres de l'Ehpad examinent alors les plannings des personnels soignants. "Le nom de Ludivine Chambet est revenu à plusieurs reprises", indique l'ordonnance de mise en accusation.

La direction décide alors d'écarter la jeune femme de son poste, la médecin du travail la déclare inapte le jour même et la justice est prévenue. Interpellée le 10 décembre, Ludivine Chambet est placée en garde à vue. Au cours de divers interrogatoires, elle admet avoir administré plusieurs produits à 11 patients, tout en se défendant d'avoir voulu les tuer. La jeune femme assure que son intention était de "soulager" ces patients "quand elle voyait qu'ils n'allaient pas bien ou qu'ils étaient angoissés", même s'ils ne lui avaient rien demandé et qu'aucun d'entre eux n'avaient exprimé l'envie d'abréger sa vie. Ludivine Chambet connaissait les médicaments qu'elle administrait en solution buvable, "un peu au hasard pour la quantité", mais en mélangeant exclusivement neuroleptiques et antidépresseurs.

L'expertise de son ordinateur personnel a mis au jour de nombreuses recherches sur les molécules administrées, ainsi que sur la mort par empoisonnement, aux intitulés sans équivoque : "médicament provoquant un arrêt cardiaque", "provoquer un coma", "tuer un homme", etc.


Source : lequotidiendumedecin.fr