« Ça va se finir en règlement arbitral. » Dès le début des négos, Jean-Marc Aubert, ex-directeur de la gestion et à l’organisation des soins à l’Assurance maladie du temps de Frédéric Van Roekeghem, n'était guère optimiste. Pour celui qui est aujourd'hui consultant chez IMS Health, il était difficile d’imaginer « les syndicats signer à six mois des présidentielles ». Et ce d’autant plus, disait-il, qu’ils pourraient se contenter d’un règlement arbitral « a priori entre les positions des deux parties ». Trois mois plus tard, ces prédictions n’ont jamais paru aussi proches de la réalité.
Les discussions actuelles ne laissent pas non plus indifférents Dinorino Cabrera, Richard Bouton ou encore Michel Chassang. Rompus aux négociations conventionnelles qu’ils suivent désormais de loin, ces fins observateurs n’envisagent toutefois pas les choses de la même façon.
« Je ne suis pas optimiste quant à l’avenir », reconnaît Dinorino Cabrera pour qui 2 euros de revalorisation, « c’est Noël avant l’heure ». Pour le fondateur du SML, qui a notamment signé les conventions de 1993 et 2005, « les syndicats auraient tort de signer » cette fois alors que « la droite prend conscience des problèmes de la santé ». Une non-signature ne serait, à ses yeux, pas une difficulté car « un changement politique est possible, il faut profiter de cette opportunité : s’il n’y a pas de convention, le gouvernement sera obligé de reprendre le dossier» .
À l’inverse, Richard Bouton parie « que les organisations vont signer ». Pour l’ancien président de MG France, cheville ouvrière des conventions de 1997 et 1998, « le règlement arbitral serait moins favorable car l’Assurance maladie ne remettrait pas les 2 euros ». Et il ne faut, à ses yeux, pas davantage compter sur l’échéance présidentielle : « Je n’ai pas l’impression qu’une majorité Les Républicains leur accorderait des conditions plus favorables ». Selon lui, la hausse du C constituerait une progression de 10 000 euros du revenu des généralistes ce qui n’est « pas nul » dans le contexte actuel. « Certains syndicats pourraient être amenés à signer », poursuit-il, d’autant plus que « les citoyens ne comprendraient pas qu’ils ne signent pas ».
Michel Chassang, lui, ne se risque pas à un pronostic. Tout juste rappelle-t-il que « ça ne serait pas nouveau que les syndicats ne signent pas », l’actuelle convention « avait été précédée par un règlement arbitral ». Mais l’ancien président de la CSMF, actuellement à la tête de l'UNAPL, ne suggère guère d’opter pour cette alternative. « Ne pas s’engager, c’est laisser les autres décider pour soi », prévient l'artisan des conventions 2005 et 2011, déconseillant lui aussi de parier sur une alternance politique. « Les comptes de l’Assurance Maladie sont là », souffle cet « observateur éloigné », mettant en garde les syndicats « de ne pas tomber sous le charme des faiseurs de bonne aventure ».
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