Les jeunes sont-ils davantage attirés par le salariat ?
Dr Yannick Schmitt : Le salariat reste plébiscité mais est peut-être en train de passer gentiment de mode. Les internes en fin de cursus ont plus souvent des projets d’installation qu’il y a quatre ou cinq ans. Dans notre enquête sur les remplaçants en 2016, 30 % disaient avoir un exercice mixte. C’est assez surprenant, car lorsque l’on remplace, le but est d’être disponible. Or, avec une activité mixte, on s’engage à faire des vacations, à venir régulièrement dans une structure. Cela démontre un attrait véritable pour les jeunes médecins à l’exercice mixte.
D’où vient cet attrait ?
Dr Y. S. L’intérêt, c’est de diversifier son activité et de pouvoir travailler avec d’autres professionnels de santé sans ajout de contraintes d’organisation. Cela peut aussi aider à briser l’isolement d’un cabinet seul. On pense souvent à tort que l’exercice mixte se traduit par une activité à l’hôpital avec en parallèle une pratique en libéral. C’est très rarement le cas. Les médecins concernés sont très majoritairement en libéral, complété par une activité salariée telle que la coordination dans un Ehpad, les soins en structure pour personnes handicapées, les vacations dans une PMI ou un planning familial…
Le gouvernement semble vouloit favoriser l’exercice mixte.
Quels sont les freins principaux aujourd’hui ?
Dr Y. S. Très souvent, le médecin qui s’engage dans une activité salariée accessoire est perdant. Les rémunérations sont très faibles, dans les établissements médico-sociaux, par exemple. Et en tant que libéral, les médecins y perdent aussi car les charges continuent à peser lourd. De plus, certaines cotisations sociales, comme la prestation supplémentaire vieillesse pour la retraite, ne sont pas calculées en fonction du chiffre d’affaires mais sont forfaitaires pour les bas revenus. Un libéral au chiffre d’affaires limité va proportionnellement payer beaucoup plus qu’un autre avec un très beau revenu.
Nous comptons profiter des futurs débats sur les généralistes partagés ville-hôpital, que le plan santé prévoit de mettre en place, pour expliquer notre point de vue sur l’exercice mixte. Nous voulons éviter à tout prix des postes de médecins salariés rattachés à un centre hospitalier, mais qui n’auraient leur place nulle part : ni en ville, ni à l’hôpital.
Emmanuel Macron veut salarier en urgence 400 médecins généralistes dans les déserts.
Va-t-il selon vous trouver des volontaires ?
Dr Y. S. Nous avons la preuve de l’attractivité du salariat avec la réussite de la Saône-et-Loire (lire p. 12). Ce département a recruté en moins d’un an 30 généralistes là où personne ne voulait aller ! Certes, cela coûte cher à la collectivité, mais quand on cherche des médecins pour les zones en difficulté, on les trouve.
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