LES SENTIMENTS SONT PARTAGÉS chez les médecins libéraux pour définir leurs relations avec les ARS. « La situation est disparate selon les dossiers et les régions », indique, diplomate, le Dr Philippe Boutin, président de la conférence nationale des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) des médecins. « Dans ma région, nous n’avons pas été conviés aux réunions sur la permanence des soins en établissement », ajoute le Dr Boutin, CSMF, également président de l’URPS de Poitou-Charentes.
Sur ce chapitre de la PDS ambulatoire, les relations se sont crispées avec les ARS. Onze unions ont enregistré une baisse de 3 à 5 % de leurs crédits PDS-A (contre 12 à la hausse). « Personne n’est capable de nous dire pourquoi », souligne le Dr Michel Chassang, président de la CSMF.
Des strapontins ?
Devant les cadres de la CSMF, récemment réunis à Cannes, Emmanuelle Wargon, secrétaire générale des ministères sociaux, a énuméré les sujets de collaboration entre les ARS et les médecins libéraux. « Contrats locaux de santé, maisons et pôles de santé, éducation thérapeutique, prévention dans le cadre du paiement à la performance, les médecins libéraux sont des interlocuteurs importants pour les ARS », a-t-elle plaidé. Le Dr Christian Devolfe (Le BLOC), président de l’URPS Rhône-Alpes, n’est pas de cet avis. « Nous avons de bonnes relations humaines avec les gens de l’ARS mais nous sommes frustrés. Les URPS ont un rôle consultatif dans les conférences régionales de santé et de l’autonomie (CRSA) et les conférences de territoire. Nous avons le sentiment d’être là pour remplir les strapontins et de servir de faire-valoir. Quand on revient de ces réunions, on a l’impression d’avoir perdu notre temps ».
Ile-de-France : une relation de confiance, pas un contrat de mariage.
Tout n’est pas sombre. Certaines régions s’enorgueillissent d’aller plus rapidement que leurs camarades.
L’ARS et l’URPS des médecins d’Ile-de-France viennent de signer un plan d’action en faveur de l’offre et de l’accès aux soins. « Cette convention est la première entre une URPS et une agence, se félicite Claude Evin, directeur de l’ARS francilienne. Les discussions ont parfois été franches avec les URPS, mais nous avons construit une relation de confiance, directe, sincère. Avec Bruno Silberman, on s’appelle, on se voit et on essaie de traiter des sujets ». Le Dr Silberman, président de l’union francilienne, précise que ce partenariat doit entraîner des actions de terrain. « Mais ce n’est pas un contrat de mariage et cela ne préfigure en rien le futur schéma régional d’organisation des soins (SROS) ambulatoire », précise-t-il.
D’une durée de trois ans, cet accord, applicable à compter du 1er janvier 2012, définit trois axes de travail. Le premier volet porte sur la démographie et l’aide à l’installation. Le deuxième concerne la création d’un observatoire de l’accès aux soins, chargé de dresser un état des lieux des difficultés liées à des dépassements d’honoraires. Enfin, l’ARS et l’URPS entendent recenser les structures d’exercice collectif (maisons et pôles de santé) existantes dans la région pour les aider à se moderniser. L’Ile-de-France compte à ce jour 12 maisons et pôles de santé. L’ARS prévoit d’en ouvrir 33 d’ici fin 2013. Reste à savoir si elle disposera des leviers nécessaires pour limiter les dépassements d’honoraires et des moyens financiers suffisants pour mener cette politique volontariste d’aide à l’installation.
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