C = CS = 23 euros, mais pas tout de suite, pas trop vite… Après avoir « digéré » les déclarations de Nicolas Sarkozy annonçant tout à la fois la hausse du C à 23 euros et le droit au CS pour les spécialistes de médecine générale à compter du 1er janvier prochain, sans oublier la concertation pilotée par Élisabeth Hubert sur la médecine de proximité (Quotidien du 19 avril), les syndicats de médecins libéraux ont tous délivré des discours de fermeté, déterminés à ne pas relâcher la pression sur l’exécutif. Au-delà des nuances, deux messages principaux dans les états majors : primo, le calendrier d’application des mesures attendues de revalorisation est beaucoup trop tardif pour apaiser les tensions ; secundo, le malaise de la médecine libérale ne se résume pas à des dispositions tarifaires. Tonalité qui se retrouve sur le terrain (lire ci-dessous).
Dans l’attente d’actes concrets, la CSMF a déjà annoncé la poursuite de son « mouvement tarifaire unitaire » qui concerne l’ensemble des praticiens libéraux. Et la Confédération a aussitôt (re)mis sur la table les dix mesures suggérées en mai 2007 (au nouveau président Sarkozy…) pour créer une dynamique de confiance. Des dispositions qui portent sur la maîtrise des dépenses, le financement, l’hôpital, le secteur optionnel, la retraite des médecins, la RCP, la PDS mais aussi la nomenclature, la prévention et le statut fiscal !
MG-France et ses alliés de l’Intersyndicale des « généralistes en colère » (FMF, UG, UC, SNJMG) examineront jeudi les modalités de la suite de leur mouvement de contestation. Intensification des actions sur le CS, nouvelles journées de fermetures des cabinets, arrêt de la télétransmission… : tout est sur la table car il n’est pas question de baisser la garde. « Le diagnostic partagé, c’est que les déclarations de Nicolas Sarkozy sont largement insuffisantes, explique le Dr Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire général de MG-France. Il faut des actes forts immédiats et de plus grande ampleur ». Le syndicat appelle de ses vux un Grenelle des soins de proximité, sous l’autorité du Premier ministre.
Inaudible par la base.
Pour la FMF, le traitement Sarkozy est « insuffisant ». Si « la reconnaissance de la spécialité de médecine générale est en route », avec la cotation CS,les effets de la crise ne sauraient être prétexte à différer l’application de cette décision. Le syndicat appelle de ses vux un « plan Marshall d’investissements lourds ». Il réclame d’autres modes de rémunérations « notamment forfaitaires » (un des axes de travail de la mission confiée à Élisabeth Hubert)ainsi que la fin de certaines mesures « vexatoires » incluses dans la loi Bachelot .
Pour Union Généraliste (UG), la thérapeutique présidentielle est « insuffisante, inadaptée et trop tardive ». Le report de mesures jugées légitimes est perçu comme un « manque de respect » davantage que comme une avancée. UG ajoute que les généralistes « ne supportent plus les réquisitions (lire aussi page 5) , le harcèlement des caisses et refusent d’être considérés comme des délinquants ». Le combat, explique-t-on, ne saurait se résumer à « un euro de plus », ni même à une « qualification de plus » Le syndicat appelle à la grève générale de la télétransmission...
Jusque-là resté à l’écart des mots d’ordre tarifaire, le SML, paradoxalement, se réserve désormais la possibilité d’appeler les médecins à « une résistance active », en commençant lui aussi par la grève « totale » de la télétransmission. « Un euro de plus ? OK mais ce n’est pas cette annonce, qui plus est reportée, qui fera rentrer les médecins dans le rang, c’est inaudible par la base », analyse un cadre du SML.
Si les propos de Nicolas Sarkozy ont permis d’adresser un « signal » à la profession, ils sont donc loin d’avoir répondu à toutes les attentes de la médecine libérale. Et la réconciliation espérée par l’Élysée avec la profession est encore un vu pieux.
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