ENCORE QUELQUES heures pour les retardataires… Le vote par correspondance aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) sera clôturé ce soir à minuit, point final d’une campagne express chez les médecins libéraux – les infirmiers, kinés, chirurgiens-dentistes et pharmaciens se prononceront en décembre seulement. Une campagne émaillée de très nombreux bugs techniques (pour la première fois les élections étaient organisées en trois collèges et pilotées par les agences régionales de santé– ARS) et qui s’est progressivement durcie, signe sans doute de la fébrilité des syndicats en compétition. Tous ont battu le rappel ces derniers jours, exhortant leurs troupes à se mobiliser pour ce scrutin. En 2006, 50 % des généralistes et 41 % des spécialistes avaient participé aux élections aux URML (unions régionales des médecins libéraux).
Les enjeux ne sont pas minces. Ce scrutin professionnel va établir la nouvelle hiérarchie syndicale dans chacun des collèges, y compris la nouvelle section des plateaux techniques lourds (anesthésistes, obstétriciens, chirurgiens). L’audience étant un critère décisif de représentativité syndicale, le vote va également modifier, même si c’est à la marge, les forces en présence habilitées à participer aux prochaines négociations conventionnelles avec l’assurance-maladie (Alliance risque de perdre sa représentativité chez les spécialistes, la FMF devrait se qualifier chez les généralistes). Certains espèrent gagner en notoriété et prendre date (LE BLOC, Union Collégiale).
Ainsi recomposé, ce nouveau paysage va forcément influencer la politique de santé et de Sécurité sociale des années qui viennent, non seulement dans le cadre de la nouvelle convention médicale, mais aussi à l’horizon 2012, année d’élection présidentielle. À Cannes, lors de l’Université d’été de la CSMF, deux responsables de premier plan ont souligné, chacun à leur manière, l’importance de ce scrutin (lire aussi page 5). « On verra qui est le patron chez les médecins », a prévenu le leader de l’UMP Xavier Bertrand. Quand au directeur général de l’assurance-maladie, il a confirmé qu’il analyserait les résultats à la loupe avant d’ouvrir les négociations. Derrière ces deux interventions, un seul message : l’exécutif composera en priorité avec les vainqueurs des élections professionnelles, du moins avec l’axe majoritaire issu des urnes. « Dans un contexte de finances très dégradées, la politique de santé et d’assurance-maladie forcément exigeante devra être portée par un maximum de syndicats forts, analyse un député de la majorité. Il faudra aussi une nouvelle étape très importante de maîtrise médicalisée, ce qui veut dire beaucoup de pédagogie. C’est pourquoi on ne pourra faire abstraction du scrutin. »
Le sort de Roselyne Bachelot enfin serait dans la balance. Une victoire nette de la CSMF, qui a articulé toute sa campagne sur le pilonnage de la loi Bachelot (Hôpital, patients, santé et territoires), fragiliserait la position de l’actuelle ministre de la Santé. Mais les choses ne sont pas si simples puisque MG-France, ou encore la FMF, font eux aussi campagne pour « le changement » etcontre la politique conventionnelle conduite depuis 005 par l’axe CSMF/SML.
Le suspense ne durera que quelques jours ; le dépouillement est programmé lundi prochain 4 octobre.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique