PARIS
CLAUDE LE PEN (COLLÈGE DES ÉCONOMISTES DE LA SANTÉ)
La création de « maisons et pôles de santé » est assez généralement présentée comme l’un des principaux moyens de répondre au risque de désertification médicale des zones rurales et périurbaines. On trouve cette idée dans les différents discours du Président de la République, à la maison de santé de Bletterans ou au pôle de santé d’Orbec. On la trouve dans la Loi HPST et dans le récent – et intéressant – rapport d’Élisabeth Hubert qui associe les idées de « médecine de proximité » et « d’exercice regroupé et pluriprofessionel ».
Mais il faut se poser la question : cette association n’est-elle pas perverse ? Les « maisons de santé » (plus d’ailleurs que les « pôles de santé ») ne contribuent-elles pas à accentuer la désertification plus qu’à la résorber ? Si les médecins sont regroupés en maisons de 5 à 6 praticiens, cela donne évidemment 5 à 6 fois moins de lieux d’implantation médicale que le vieux modèle d’exercice solitaire en voie de disparition. Et encore moins si le nombre absolu de médecins diminue.
Il existe d’excellentes raisons pour encourager le regroupement des praticiens : l’explosion des savoirs médicaux, la demande des patients pour plus de continuité et de coordination des soins, l’aspiration de jeunes médecins à un exercice collectif garantissant plus de liberté et plus de sécurité. Mais ce n’est pas cela qui empêchera la fermeture des cabinets, l’accroissement de la distance moyenne entre le patient et son médecin et l’allongement des temps d’accès.
Et comme les maisons de santé s’implantent plus volontiers dans les villes, même petites, qu’à la campagne, le problème de la médecine rurale reste entier. L’exercice regroupé est sans doute souhaitable mais il ne peut pas être un exercice de proximité.
Et il faut s’adapter à un temps médical devenu rare et lointain sans faire comme si le problème était encore réversible.
Le désastre de l’ASV
LYON
DR ANDRÉ CHAMBON
En cette saison, les vœux sont de mise. Ils ne seront pas de trop, vu le désastre, le naufrage de l’ASV.
Après des années de blocage du CS, du K, des honoraires du secteur 1, il faut maintenant s’attendre, à moyen terme à la perte de l’ASV (environ 1 000 euros par mois). Au pire une spoliation, au mieux une version nouvelle des emprunts russes.
Le Bulletin d’information de la CARMF de décembre 2010, « touche pas à ma CARMF » est accablant. De plus CARMF et CSMF se déchirent après la manœuvre parlementaire de novembre dernier (1).
Le MICA fut ruineux et la tutelle politico-étatique paraît ignorer le désastre futur alors qu’elle en sera probablement à l’origine. Le temps de la désinvolture…
Nous savons depuis peu ce désastre de l’ASV, un sujet explosif. C’est la question à X milliards d’euros. Lecteur du Quotidien du médecin depuis plus de vingt ans, je souhaite que soit sonnée l’alarme tant dans le milieu médical (actifs et retraités) que dans le monde politico-étatique.
(1) Le Quotidien a mené l’enquête dans son numéro d’aujourd’hui sur ce dossier (voir page 6)
On nage dans l’incohérence
PARIS
DR BERNARD KRON (ACADÉMIE DE CHIRURGIE)
L’on veut tendre vers une médecine « zéro défaut », mais les accidents médicamenteux, de radiothérapie et les retards diagnostics se multiplient à l’hôpital. Les personnels spécialisés, suffisamment formés sont en nombre insuffisant alors qu’il y a beaucoup trop de personnels administratifs (plus de 30 %).
• On accrédite les chirurgiens, mais on est incapable de dire s’ils seront « compétents » et bien formés.
• On supprime la spécialité de chirurgie générale pour créer celle d’urgentiste polyvalent. Mais les praticiens de cette discipline sont en général incompétents pour la traumatologie.
•La création d’une spécialité de médecine générale, aggravera la pénurie en médecins généralistes. Devenus spécialistes, ils exerceront une « sous spécialité » mieux rémunérée ou resteront à l’hôpital (90 % veulent le salariat).
• On fixe des quotas en cancérologie, ce qui empêchera des chirurgiens compétents d’opérer ces patients en dehors des centres accrédités. Cela permettra dans les centres autorisés, que des opérateurs de qualités divers et plus ou moins formés puissent opérer ces patients.
• On manque de personnels soignants, mais on multiplie les personnels et des structures administratives de plus en plus coûteuses et inutiles.
On nage dans l’incohérence ! L’État décrète, légifère, impose des normes, crée de nouvelles structures qui paralysent le système libéral.
Après la FMC, le CAPI, la DPC et l’ECPP arrivent les ARSA, la nouvelle gouvernance et les communautés hospitalières. Comment faire plus compliqué ! La déclaration des absences, les réquisitions, les plaintes de la HALDE et le surcoût de la RCP sont dissuasifs. L’enveloppe de l’ONDAM étant constante, il n’y a aucune marge pour revaloriser les honoraires !
Nous sommes chez les fous
NEUILLY SUR SEINE
DR PIERRE LEBOULANGER
Retraité, et fidèle lecteur, je suis effrayé par l’arrêté de la Cour de Cassation condamnant un collègue généraliste de permanence aux urgences. Il n’a pas diagnostiqué une fracture de Monteggia mais seulement la fracture cubitale d’une fillette tombée de vélo. Il n’avait pas vu la luxation de la tête radiale (Quotidien 8 871/7.12.2010/p. 9). Cette particularité est souvent ignorée des non-spécialistes en traumatologie… précise l’article.
Que se passe-t-il dans la tête de ces juges, imbus de leurs connaissances juridiques pointues, qui appliquent le droit les yeux fermés, bandés comme sur certaines statues…, en ne se rendant pas compte des conséquences immédiates que tout médecin va devoir appliquer… ainsi que tout service d’urgence privé ou public ! Aucun de ceux-ci ne peut donc plus être pris en charge par un généraliste ni même ailleurs puisqu’on peut systématiquement l’accuser d’outrepasser ses compétences ! Je n’entends pas le Président du Conseil de l’Ordre des Médecins expliquer ce que doivent maintenant faire nos confrères, ni expliquer publiquement au Président de la Cour de Cassation qu’il a juridiquement raison mais, que lui, de son côté, doit prévenir les médecins des précautions pour l’avenir… Nous sommes chez les fous. Le juridisme excessif tue la médecine mais risque un jour de tuer « juridiquement » les malades… ».
Fraude sociale
SAINT BRICE (95)
DR JULIEN BLAIN
Selon l’article du 9/11/2010 (N° 8853, page 4), M. Frédéric Van Roekeghem, Directeur de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance-maladie, se félicite des résultats obtenus dans la lutte contre la fraude sociale.
Cette position appelle trois remarques
1- Il était temps… que l’Assurance Maladie se penche sur le problème. Pour avoir exercé 15 ans dans une banlieue « sensible », je peux citer des dizaines d’exemples de cas de fraude à la Sécurité Sociale, connus par la Sécurité Sociale que j’ai appelée, et qui n’a rien fait.
2- L ‘auto- satisfaction est très inférieure à la réalité, car je peux, encore actuellement, citer d’autres cas.
3- Il est interdit à un médecin de dénoncer les fraudes à la Sécu, même preuves à l’appui (selon la CPAM du Val d’Oise, et le Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins).
Études de médecine générale
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