Les médecins généralistes sont des internautes comme les autres. Pour trouver une information sur la toile, ils n’ont pas de stratégie spécifique liée à leur métier. « Comme le grand public, ils effectuent d’abord leur requête sur Google en tapant, par exemple le nom d’une pathologie ou d’un médicament. En revanche, lorsque les résultats s’affichent, ils savent faire le tri parmi ceux-ci pour ne s’intéresser qu’aux sites médicaux reconnus et fiables. Rares sont les sites liés à la santé qu’ils consultent directement (sans passer par Google). Si je devais toutefois citer une exception, ce serait celui du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), site d’informations sur les dangers des médicaments chez la femme enceinte », assure le Dr Dominique Dupagne, médecin généraliste, fondateur du Club des médecins blogueurs** et créateur d’Iphomed, une liste de discussion sur Internet de professionnels de santé intéressés par les applications médicales sur iPhone.
Immédiateté du web
Les types d’adresses les plus visitées sont les sites par pathologie (89 % des médecins interrogés pour le 6e baromètre du Centre d’études sur les supports d’information médicale*) et les portails institutionnels (CNAM, Haute Autorité de santé...). Viennent ensuite les sites universitaires ou de sociétés savantes (68 %) et les sites de presse médicale (54 %).
Le web a changé le quotidien du médecin généraliste en allégeant son esprit et ses placards. « Je fais partie d’une génération de médecins qui avait pour habitude de découper et d’archiver les articles intéressants des revues scientifiques, puis, d’aller fouiller quelques temps plus tard dans mes tiroirs pour retrouver un article particulier lorsque j’en avais besoin. Mais grâce à Google, inutile de stocker de la paperasse, l’information médicale pointue est disponible, par pathologie, sur les sites institutionnels, des sociétés savantes, voire de certains médecins », explique le Dr Dupagne.
« De même, nous n’avons plus besoin d’emmagasiner une foule d’informations concernant des maladies inhabituelles. Un exemple parmi d’autres : les noms des anticorps qu’il faut doser dans le sang pour diagnostiquer une thyroïdite auto-immune sont disponibles sur des sites web de référence. Il suffit pour cela de taper "diagnostic thyroïdite" sur Google », précise le Dr Dupagne.
Le Web a également modifié la donne en matière de formation des médecins généralistes. En effet, alors que la FMC les forme sur des pathologies auxquelles ils ne sont pas sûrs d’être confrontés dans un avenir proche, l’information délivrée par les sites fiables sur Internet a l’avantage d’apporter une réponse à un besoin immédiat. C’est, du moins, l’avis du Dr Dupagne : « Il n’est pas rare que je consulte un site dédié à une pathologie pour trouver des informations complémentaires sur celle-ci pendant la consultation. »
La généralisation des smartphones
Par ailleurs, les médecins généralistes sont, aujourd’hui, bien équipés. En 2013, 79 % d’entre eux possèdent un smartphone contre environ 60 % en 2012 et moins d’un sur deux en 2011. 47 % des généralistes possèdent une tablette. Plus de 8 médecins sur 10 font un usage régulier basique de leur smartphone ou tablette (e-mail, navigation Internet...) et un quart l’utilisent de façon plus pointue (podcasts, vidéos...). « Le smartphone est devenu le prolongement de l’ordinateur lors de nos déplacements. Outre les informations médicales que nous consultons sur le Web, nous avons accès à nos mails, pouvons trouver l’adresse d’un patient et nous orienter sur un plan grâce à Google Maps, par exemple. En revanche, malgré l’engouement initial pour les tablettes, celles-ci semblent détrônées par les smartphones de dernière génération dont l’usage est similaire tout en étant moins lourds et encombrants », note le Dr Dupagne.
Encore peu d’applications santé
Côté applications sur smartphone, les bases de données médicamenteuses (telles que Vidal) et les applications spécifiques à une pathologie sont celles dont les médecins généralistes se servent le plus (loin devant encyclopédies médicales, les cas pratiques en vidéo ou les jeux interactifs de formation). Alors que les 1ers Trophées de la Santé Mobile ont décerné, le 20 janvier dernier, des prix pour les meilleures applications de santé, celles-ci ne sont pas encore pléthores. « Au final, il y a peu d’applications pour les médecins alors que les smartphones ont d’énormes capacités et pas uniquement pour la recherche d’informations », estime Dominique Dupagne.
Enfin, les médecins généralistes investissent Facebook plutôt pour un usage personnel. Quant à Twitter, l’outil reste très peu utilisé.
*Le 6e baromètre du Cessim sur l’utilisation des supports numériques par les professionnels de santé a été réalisé du 17 juin au 21 juillet 2013 auprès de 200 généralistes, 381 spécialistes et 201 pharmaciens.
**Le Club des médecins blogueurs regroupe les articles d’une sélection de blogs médicaux et paramédicaux : www.clubdesmedecinsblogueurs.com/?
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