Trois questions à Béchir Chebbah, président de l'UNASA

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Publié le 17/09/2021
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LE QUOTIDIEN : Comment qualifiez-vous ce cru 2020, année du choc de la pandémie ? 

BÉCHIR CHEBBAH : Sur 126 professions libérales analysées, il n'y en a que trois ou quatre qui tirent leur épingle du jeu dont les infirmiers et les sages-femmes. Tous les autres métiers ont été "impactés" avec une baisse de chiffre d'affaires par rapport à 2019, dans des proportions qui varient entre -2% et -20% ! Je parle bien ici de la chute des recettes qui reflète l'impact de la pandémie sur l'activité, notamment médicale.

Ce n'est pas vraiment une surprise. Les différents confinements, la distanciation sociale, la crainte de consulter, mais aussi les déprogrammations directes d'activités chirurgicales, la fermeture de cabinets médicaux ou de kiné ont eu un effet direct. Les généralistes par exemple subissent une baisse de CA de 3,5 % et c'est pire parmi beaucoup d'autres spécialités. Quelques rares secteurs s'en sortent, comme la biologie, même si ce sont surtout les gros laboratoires – les premiers à investir en matériel – qui ont récupéré la manne des tests. 

Les baisses et les reports de charges ont-ils permis d'amortir le choc ? 

C'est vrai qu'on ne constate pas de difficultés énormes de trésorerie dans le secteur libéral car la baisse des bénéfices est plus nuancée que celles des recettes grâce aux effets de reports d'échéances de cotisations sociales et de charges. On le voit bien dans nos statistiques avec le poste "impôts et taxes" qui a souvent fortement diminué. Ces reports ont bénéficié aux libéraux de santé dans des proportions importantes puisque les pertes de résultat sont très souvent inférieures aux baisses de chiffre d'affaires.

Mais attention, ces diminutions de charges sont pour partie "fictives" dans la mesure où il s'agit souvent de reports et non de suppressions. On peut citer la CSG, l'Urssaf, la retraite… Notre crainte, c'est donc un effet ciseaux en 2021 avec des rectifications, des rappels de charges, des correctifs. On pourrait avoir davantage d'activité cette année mais un fort rattrapage sur les charges. C'est pourquoi nous, experts-comptables, avons recommandé à nos clients de ne pas adhérer aux baisses de charges lorsque leur activité n'était pas trop impactée pour ne pas qu'ils se retrouvent dans une situation compliquée les deux années suivantes.     

Je rappelle enfin que le Dipa (dispositif d'indemnisation pour perte d'activité, NDLR), qui a procuré une aide financière à de très nombreux médecins libéraux en 2020, est bien fiscalisé et donc inclus dans le résultat imposable.

Comment se présente 2021 ? 

Ce sera un rattrapage relatif pour le secteur de la santé. Au premier semestre 2021, la situation est restée parfois compliquée avec des épisodes épidémiques, sans doute moins impactants grâce à l'anticipation, mais avec tout de même des conséquences. L'exercice 2021 permettra de retrouver les niveaux normaux de chiffre d'affaires pour certains praticiens mais qu'on ne confirmera pas toujours en résultat. 

Propos recueillis par Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du médecin