Tribune libre

Pauvreté n’est pas vice mais richesse peut être vertu

Publié le 13/09/2011
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Par le Dr Jean-Marie de Sinéty*

SI « PAUVRETÉ n’est pas vice », la richesse peut ne pas l’être non plus. Surtout si elle permet de participer à la solidarité nationale. La loi TEPA est l’occasion de poser un acte dans ce domaine.

Qui n’a pas, lors de visite à domicile constaté la souffrance sociale et psychique de patients ou de familles entière ? Les médecins généralistes sont bien souvent en première ligne pour tirer la sonnette d’alarme auprès des organismes en charge de ces pathologies. L’État a depuis longtemps mis en place un système de soins et d’accompagnement pour ceux que d’aucuns appellent les blessés de la vie. Cette organisation est renforcée par de nombreuses associations ou fondations qui viennent compléter ce travail en profondeur. Ces organisations vivent essentiellement de legs et de dons. Il nous faut les aider. Les lois fiscales TEPA permettent justement de donner favorablement son ISF à une fondation. À travers ces dispositions fiscales, une collaboration intelligente s’est créée entre l’État et les personnes désireuses de donner leur ISF pour une cause qui leur tient à cœur. C’est sans doute l’une des rares situations ou une personne et les pouvoirs publics se donnent la main pour venir en aide aux plus défavorisés.

Pour la fondation Apprentis d’Auteuil, ces dons ont permis un réel investissement dans des projets innovants pour faire face aux nouvelles détresses telles que le décrochage scolaire, la violence, la maternité précoce et agir en prévention par l’aide à la parentalité, l’insertion sociale et professionnelle de jeunes adultes désorientés… Autant d’actions engagées qui ont la vocation nécessaire de s’étendre !

Cette loi est des plus salutaires car elle sert à conduire et accompagner des jeunes vers un emploi stable et constructif et favorise aussi l’employabilité dans les entreprises.

Les moyens financiers consacrés à la protection de l’enfance ont atteint leurs limites. La crise (toujours présente) nous invite à nous interroger sur le sens – ou le déficit de sens – d’une société qui s’enferme dans un modèle par trop individualiste.

Nous avons tous conscience de la gravité de la situation et des menaces qui pèsent sur nos équilibres sociaux.

Un moyen d’agir.

Ce geste de donner a pour objectif un rééquilibrage des chances offertes à chacun. C’est la contribution à une plus grande justice dans notre pays. Donner une seconde chance, lorsque ce n’est pas tout simplement une première, placer des marches sous les pieds des oubliés pour qu’ils puissent remonter la pente, voilà ce dont il s’agit. Construire ces marches de l’espoir, c’est travailler pour atteindre un meilleur équilibre social et un fonctionnement plus juste de notre communauté sociale et humaine.

Aujourd’hui, le dispositif ISF de la loi TEPA est, pour ceux qui sont concernés, un moyen de peser et d’agir. En créant un outil simple et efficace, la loi a donné la liberté à chacun de choisir la destination de son impôt, d’en faire l’outil d’expression de son engagement responsable.

Il existe des centaines de causes et donc de fondations à soutenir. Les entrepreneurs et les professions libérales se plaignent souvent que l’État soit envahissant en France : saisissons la chance qui nous est donnée de confier une partie de notre impôt, non à l’État, mais à des structures privées ; aidons-les à montrer qu’elles savent agir dans le domaine de la solidarité aussi bien, voire mieux que l’État.

C’est aussi dans cet esprit que doit se développer une véritable culture du don.

* Pédopsychiatre et administrateur de la Fondation Apprentis d’Auteuil

J.-M. de S.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9002