Chez l’enfant les manifestations de la douleur aiguë sont évidentes, mais dès que la douleur se prolonge, ces manifestations se modifient : les pleurs et les grimaces disparaissent, le visage devient atone, une inertie psychomotrice et une atonie surviennent allant parfois jusqu’à une immobilité totale. Ces manifestations peuvent égarer le diagnostic et notamment conduire à confondre la douleur avec de la tristesse.
L’auto-évaluation de la douleur peut être proposée dès l’âge de 4-5 ans en utilisant l’échelle des visages (l’enfant choisit celui qui exprime le mieux ce qu’il ressent), puis, à partir de 6-7 ans, l’échelle visuelle analogique (l’enfant situe sa douleur entre "pas mal du tout" et" très très mal"), enfin, à partir de 8-10 ans, l’échelle numérique (l’enfant cote sa douleur de 0 à 10). Si l’auto-évaluation est impossible, l’échelle comportementale Evendol permet d’évaluer toute douleur, aiguë ou prolongée, de la naissance à l’âge de 7 ans ; elle prend en compte, l’expression vocale ou verbale, la mimique, les mouvements, la position, la relation avec l’environnement.
Dans les douleurs aiguës l’évaluation guide le choix de l’antalgique et permet de suivre l’évolution sous traitement, parallèlement à la prise en charge de l’affection causale.
La situation est différente dans les douleurs chroniques. En dehors de celles liées à une maladie chronique (cancer, drépanocytose, arthrite juvénile.), ces douleurs correspondent le plus souvent à une "somatisation" : douleurs abdominales récurrentes, douleurs musculosquelettiques, céphalées de tension. Ces douleurs ont un impact important sur la vie quotidienne : dans une cohorte française de 330 enfants, âgés en moyenne de 11 ans, les douleurs avaient motivé une hospitalisation dans 19 % des cas et avaient été à l’origine d’un absentéisme de plus de 12 % du temps scolaire pour 16 % des enfants. Dans ces situations l’évaluation ne peut se limiter à la mesure de l’intensité de la douleur, d’autant qu’il existe souvent une discordance entre la cotation de la douleur et le handicap qu’elle entraîne. L’évaluation doit donc aussi et surtout prendre en compte le retentissement de la douleur sur la vie scolaire, familiale et sociale de l’enfant, ainsi que le niveau d’anxiété et de dépression de l’enfant qui module l’impact de la douleur sur la vie quotidienne.
D’après la communication du Dr Élisabeth Fournier-Charrière, hôpital Bicêtre, le Kremlin Bicêtre
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