Prévention

La question du genre

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Publié le 03/11/2016
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La lutte contre le tabac doit-elle prendre en compte les spécificités du genre ? C’est ce que pensent aujourd’hui un certain nombre de professionnels convaincus que, parmi les déterminants de santé, il ne faut surtout pas négliger le genre, c’est-à-dire les caractéristiques socioculturelles des femmes et des hommes. « Aujourd’hui, la prévalence mondiale du tabagisme reste cinq fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes mais l’écart ne cesse de se réduire. Dans la plupart des pays à hauts revenus, on compte désormais autant de fumeuses que de fumeurs en particulier chez les jeunes », explique la Dr Carole Clair, médecin interniste à l’hôpital universitaire de Lausanne.

Historiquement, l’industrie du tabac a toujours pris en compte la particularité du genre dans ses campagnes. « Elle a largement fait de la cigarette un symbole de masculinité et de liberté pour cibler les hommes. Puis, elle s’est adressée aux femmes en proposant des paquets plus féminins et des cigarettes « légères » en faisant croire qu’elles étaient moins dangereuses mais aussi en raison du fait que les femmes sont plus susceptibles d’utiliser les cigarettes comme une stratégie pour gérer leur poids », explique la Dr Clair.

Selon elle, il est donc nécessaire que les normes de genre soient prises en compte dans la prévention et les stratégies d’arrêt du tabac. « Il faut intégrer le fait que les femmes et les hommes ne fument pas toujours pour les mêmes raisons. Chez les femmes, c'est souvent un moyen de lutter contre le stress ou les situations difficiles alors que pour les hommes, on retrouve beaucoup la notion de plaisir et de liberté. Les femmes semblent aussi désireuses que les hommes d’arrêter de fumer. Souvent elles sont plus enclines à demander de l’aide mais il semble qu’elles parviennent moins à arrêter, indique la Dr Clair. Il existe plusieurs explications. Notamment le fait que les femmes préménopausées métabolisent la nicotine plus rapidement en raison d’un taux plus élevé d’œstrogènes », ajoute-t-elle.

D’après un entretien avec la Dr Carole Clair, médecin interniste à l’hôpital universitaire de Lausanne

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9531