Traitement chirurgical

Les risques du tabac

Par
Publié le 03/11/2016
Article réservé aux abonnés

« Le tabac n’est pas bon pour la santé. Vous devriez essayer d’arrêter de fumer et on peut vous aider dans cette démarche ». Voilà de sages paroles que tout médecin doit pouvoir prononcer en toutes circonstances. Mais ce conseil avisé prend toute son importance face à un patient qui doit se faire opérer. « En effet, un patient, qui doit subir une intervention chirurgicale, s’expose à un risque augmenté de mortalité hospitalière d’environ 20 % et de 40 % pour les complications majeures postopératoires », indique le Pr Bertrand Dureuil, coordinateur du pôle réanimation anesthésie et Samu du CHU de Rouen.

Ce médecin a supervisé une recommandation pour le compte de la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) et de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT). « En France, environ 11 millions de patients bénéficient chaque année d'une anesthésie dont près de 30 % de fumeurs, soit plus de 3 millions de personnes », indique le Pr Dureuil, en soulignant que le monoxyde de carbone produit et inhalé avec la fumée de cigarette, « génère une inadéquation entre la consommation d’oxygène et sa disponibilité au niveau cellulaire ». Le texte de la recommandation précise que le tabagisme actif augmente donc de 40 % les complications majeures postopératoires (infection profonde, pneumonie, intubation non prévue, embolie pulmonaire, ventilation > 48 heures, AVC, coma > 24 heures, arrêt cardiaque, infarctus du myocarde, transfusion > 5 U, sepsis, choc septique).

Phénomène parfois moins connu, le tabagisme rend aussi moins facile la cicatrisation. « La fumée du tabac inhibe très fortement les processus de réparation tissulaire et osseuse qui sont de première importance dans le contexte chirurgical pour assurer une cicatrisation rapide et solide. Cela complique aussi la vascularisation et donc par exemple la chirurgie de lambeaux pratiquée par les chirurgiens plasticiens », indique le Pr Dureuil.

Plus un patient arrête de fumer tôt avant une intervention, plus grands sont les bénéfices. « L’arrêt plus de 8 semaines avant l’intervention diminue de près de 50 % les complications respiratoires par rapport à un fumeur actif. Et de 25 % plus de 4 semaines avant. Mais même après, il y a toujours un bénéfice à l’arrêt en phase pré-opératoire. Car le patient augmente ses chances de ne pas reprendre. La période péri-opératoire est donc une véritable opportunité pour offrir à tous les patients fumeurs une prise en charge comportementale et la prescription d'une substitution nicotinique ».

D’après un entretien avec le Pr Bertrand Dureuil, coordinateur du pôle réanimation anesthésie et Samu du CHU de Rouen

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9531