Quel est l’impact de l’exposition au tabac in utero sur le sommeil et les fonctions neurophysiologiques du nouveau-né ? C’est ce qu’a étudié l’unité de recherche Péritox de l’université de Picardie, dont la mission est d’évaluer les impacts des facteurs environnementaux lors d’expositions périnatales sur la santé du nouveau né et de l’enfant. « Nous avons étudié les effets de l’exposition tabagique in utero sur le sommeil, le contrôle chimique de la ventilation et l’activité du système nerveux autonome chez le nouveau-né prématuré », indique le Dr André Leke, responsable du service de néonatalogie du CHU d’Amiens.
Cette étude a montré qu’une exposition tabagique prénatale altère la structure du sommeil des nouveau-nés prématurés, qui est caractérisé par des diminutions du temps total de sommeil (- 18 %) et de la durée relative de sommeil calme (- 34 %) ainsi que par une augmentation de la durée relative de sommeil agité (+ 15 %). « Nous avons constaté que le tabagisme in utero a des effets négatifs sur le contrôle chémosensible de la ventilation. Les enfants exposés présentent une diminution de l’activité tonique des chémorécepteurs périphériques en sommeil agité (- 24 %) et un temps de réponse prolongé en sommeil calme (+ 34 %) », indique le Dr Leke. Ces résultats constituent un argument de plus pour la relation existant entre le tabagisme pendant la grossesse et l’augmentation du risque de malaise grave du nourrisson.
Dans une autre étude, l’équipe d’Amiens s’est intéressée à l’adaptation à la naissance des nouveau-nés exposés au tabac in utero. L’étude a été menée avec un panel de 316 couples mères enfants (116 nouveau-nés exposés au tabagisme actif, 66 au tabagisme passif, 134 témoins). Les enfants exposés activement et/ou passivement ont été comparés à un groupe témoin non exposé (n = 134). « On a retrouvé chez les enfants de mères tabagiques une température plus basse ainsi qu’un poids, une taille, un périmètre crânien et une perte pondérale moins importants. Ces enfants sont hyperexcitables, hyperphagiques », indique le Dr Leke.
L’adaptation initiale paraît bonne, mais au prix de lourdes conséquences à long terme. « L’hypertonie sympathique (mise en évidence par l’analyse spectrale de la variabilité de la fréquence cardiaque) engendrerait des troubles cardiovasculaires à l’âge adulte, l’hyperexcitabilité et les troubles du sommeil prédisposeraient à des troubles cognitifs et neuropsychologiques, le retard de croissance fœtale, suivie d’une croissance postnatale rapide et d’une hyperphagie ferait encourir un syndrome métabolique », indique le Dr Leke.
D’après un entretien avec le Dr André Leke, responsable du service de néonatalogie du CHU d’Amiens
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