En France, la pollinisation hivernale a lieu de mi-janvier à avril dans le sud et de fin janvier à mai dans le Nord. Elle concerne les arbres et arbustes. Une deuxième période de pollinisation se produit du milieu du printemps à l'été, avec un décalage de 3 à 5 semaines entre le nord et le sud du pays (graminées, plantain, pariétaires sur le pourtour méditerranéen et oseille dans le nord). Enfin, certaines espèces végétales, comme le châtaigner, le tilleul, les herbacées ou l'ambroisie, libèrent leur pollen de l'été à la fin de l'automne. « La région géographique joue un rôle important dans l'apparition des pollens. À Bruxelles, par exemple, les pollens de noisetiers se manifestent à partir de fin janvier alors que sur la façade Atlantique ils peuvent être présents dès la fin du mois de décembre », souligne le Pr Olivier Michel, chef de service, responsable de la clinique d'immuno-allergologie, CHU Brugmann (Belgique).
Tests cutanés et moléculaires
Les saisons – et donc, l'apparition des pollens – varient également d'une année à l'autre. « Ce décalage peut être à l'origine d'une confusion diagnostique. En 2016, à Bruxelles, le pic des pollens de bouleau se situait vers la fin du mois d'avril, alors qu'en 2017, il a démarré vers la mi-mars », note le Pr Michel. Dans ces situations, outre le recours aux tests cutanés, des tests d'allergologie moléculaire peuvent s'avérer nécessaires. Cet examen consiste à mesurer les IgE sanguins spécifiques dirigés contre telle ou telle fraction protéique des allergènes. « Une étude espagnole récente (1), effectuée chez 1 260 enfants ayant des allergies saisonnières aux pollens, montre que l'approche moléculaire modifie le choix thérapeutique dans plus de 50 % des cas. Elle permet d'identifier très clairement la sensibilisation à certains allergènes des pollens », indique le Pr Michel.
Changer de région, protéger l'habitat et désensibiliser
À partir du moment où le pollen a bien été identifié et que le diagnostic est posé, le traitement de fond consiste notamment à éviter l'exposition au(x) pollen(s) en cause. « Cela n'est pas simple. Je conseille parfois aux patients qui le peuvent, de changer de région durant les pics polliniques. Par exemple, de passer le printemps ou l'été à la montagne ou sur la côte Atlantique, où les vents dominants diminuent la concentration en pollens de l'air », précise le Pr Michel. L'habitat doit également être protégé, les fenêtres doivent rester fermées le plus possible et, de retour au domicile après une journée passée à l'extérieur, les vêtements doivent être enlevés et lavés, une douche permet également de débarrasser le cuir chevelu et les cheveux des pollens. « Autre versant du traitement, la désensibilisation, effectuée de façon préventive, engendre des effets bénéfiques sur l'asthme et les rhinites. Elle est indiquée après avoir déterminé le(s)pollen(s) en cause (grâce aux tests moléculaires) et peut se faire par voie sublinguale ou par le biais d'injections sous cutanées », conclut le Pr Michel.
Entretien avec le Pr Olivier Michel, chef de service, responsable de la clinique d'immuno-allergologie, CHU Brugmann (Belgique)
(1) Moreno et al. Allergy 2014 Oct;69(10):1357-63
Article précédent
Tous concernés par la pollution
Article suivant
Reconnaître le poumon du toxicomane
BPCO, une urgence de santé publique
Mieux cerner l’asthme sévère
Le premier examen de l’apnée du sommeil
L’air intérieur est concerné aussi
La BPCO, une maladie de l’enfance ?
26 000 patients en vie réelle
Tous concernés par la pollution
Éviter les erreurs diagnostiques des allergies
Reconnaître le poumon du toxicomane
L’entraînement en altitude est possible !
Les espoirs ouverts par l’immunothérapie
Des médicaments qui font tousser
Le désencombrement au cas par cas
Le meilleur et le pire des objets connectés
Pharmaciens, encore un effort !
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024