1,21,3... Plans cancer

Des avancées à suivre

Publié le 01/12/2014
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« Le cancer reste aujourd’hui la première cause de mortalité en France. Et l’impact social, financier et psychologique de cette maladie est tel qu’il nous oblige à développer des prises en charge exemplaires et innovantes », explique la Pr Agnès Buzyn, présidente de l’Institut National du Cancer (INCa). « Cette maladie est aussi emblématique, selon moi, de deux faiblesses de fond de notre système de soins auxquelles nous avons essayé de nous attaquer avec les Plans cancer successifs. La première est la place trop peu importante laissée à la prévention dans notre système de santé, quasi entièrement tourné vers les soins. La deuxième concerne l’existence d’un trop grand nombre d’inégalités de santé particulièrement marquantes dans le champ du cancer ».

Aujourd’hui, tout le monde reconnaît l’impact important qu’ont pu avoir les Plans cancer successifs et les enseignements qui pourraient en être tirés pour les autres pathologies chroniques. « Un élément important a été la structuration obligatoire de la pluridisciplinarité des prises en charge avec les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). On voit d’ailleurs que ce modèle a été repris, en particulier dans le domaine de l’insuffisance rénale chronique, la BPCO ou le diabète », indique la Pr Buzyn.

La présidente de l’INCa souligne aussi l’importance du dispositif d’annonce au sein du parcours de soin. « Là encore, l’idée a été reprise pour d’autres pathologies chroniques par la Haute Autorité de santé (HAS). Par ailleurs, les Plans cancers ont aussi identifié très tôt le fait qu’une organisation optimale du parcours de soins était un enjeu majeur. Le risque de perte de chance est en effet réel pour des patients engagés dans des parcours de mauvaise qualité. Les Plans ont ainsi lancé des expérimentations sur le parcours personnalisé de soins (PPS) ou des programmes personnalisés de l’après-cancer », indique la Pr Buzyn.

Les Plans cancer ont aussi mis en évidence l’importance de la gradation des soins. « Cela a permis d’instaurer des RCP de recours, des centres de référence pour les tumeurs rares ou certains seuils d’activité pour la délivrance d’une autorisation d’exercice. Avec, en filigrane, cette idée fondamentale que tout le monde ne peut pas tout prendre en charge dans le domaine du cancer », souligne la Pr Buzyn, en évoquant aussi la nécessité de faire émerger d’autres métiers, en particulier celui d’infirmier-clinicien, pour améliorer le parcours de soins.

« Les Plans cancer ont aussi très tôt permis de comprendre la nécessité de miser sur tous les champs de la recherche : pas seulement la recherche fondamentale et biologique mais aussi interventionnelle, translationnelle et en sciences humaines et sociales. C’est pour cette raison qu’ont été créés les sites de recherche intégrée sur les cancers (SIRIC) ». Les Plans cancers ont aussi répondu à la nécessité de délivrer une information de référence notamment aux personnes malades, via la création de la plate-forme Cancer-info sur e-cancer.fr, consultée par 3 millions de personnes par an.

Selon la Pr Buzyn, toutes ces avancées doivent pouvoir bénéficier aux autres pathologies chroniques. « Mais cela marche bien sûr dans les deux sens. Nous avons, nous aussi, des choses à apprendre des autres disciplines, en particulier dans le domaine de la chirurgie ambulatoire, de la réduction des délais dans l’accès aux urgences (cardiologie, AVC), l’éducation thérapeutique (diabète), l’expérience des patients-ressources (hémophilie) ou la démocratie sanitaire (VIH-sida) ».

Entretien avec la Pr Agnès Buzyn, présidente de l’InCA

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du Médecin: 9370