L’insuffisance cardiaque (IC) est la première cause d’hospitalisation après 65 ans en France. Et avec l’évolution démographique, son poids devrait encore augmenter. Entre 2002 et 2008, le nombre d’hospitalisations pour IC a augmenté de 15 %. Le taux standardisé d’hospitalisation pour IC est ainsi de 200/100 000 hospitalisations. Et il dépasse les 1 000/100 000 hospitalisations chez les plus de 65 ans. Qui sont ces patients, comment sont-ils pris en charge, que deviennent-ils ? Une analyse des données du Système national d’informations interrégimes de l’Assurance-maladie (SNIIRAM), s’est penchée sur les patients hospitalisés pour IC en 2009. « Elle montre que leur mortalité à court et moyen terme est importante, le taux de réhospitalisations élevé, et le traitement médical après la sortie insuffisant », résume le Pr Yves Juillière.
Plus de 10 % de décès à 1 mois, 40 % à deux ans
L’étude présentée aux Journées européennes de la société française de cardiologie (JESFC) a recensé, au sein du régime général de l’Assurance-maladie (77 % des français), 700 000 patients hospitalisés a priori pour la première fois pour IC en 2009 (exclusion des patients en ALD, hospitalisés pour IC en 2006-2008…). Ils sont âgés de 78 ans en moyenne et la proportion de femmes est de 52 %. À l’issue d’une durée moyenne de séjour de 9 jours, 80 % sont rentrés à domicile. Et 30 % ont consulté un cardiologue dans le mois.
La mortalité à court et moyen terme est importante : 6,4 % de décès intra-hospitaliers plus 4,4 % dans les 30 jours. Soit 10,8 % de mortalité à 1 mois toutes causes confondues, le SNIIRAM ne recensant pas les causes de décès. Le taux de réhospitalisations est de 20 % dans le mois pour toutes causes et de 5 % pour IC (*).
Enfin à 2 ans, la mortalité atteint 40 %. Au total 83 % des patients sont décédés ou été ré-hospitalisés à 2 ans.
Moins de 40 % de patients sous traitement de référence à 1 mois
À 30 jours, 54 % des survivants ont eu au moins un remboursement pour un bêtabloquant, 85 % pour un diurétique et 67 % pour un IEC ou ARA2. Globalement, 23 % sont sous bêta bloquant/IEC (ARA II), 14 % sous bêtabloquant/diurétique, 11 % sous diurétique seul et à peine 37 % sous bêtabloquant/IEC (ARA II)/diurétique (*).
«À 30 jours, seuls 37 % des patients bénéficient du traitement de référence », déplore Y. Juillière. Pourquoi ?
«Le SNIIRAM ne donne pas d’informations sur la FEVG. Il y a donc parmi ces patients, vu leur âge, nombre d’IC à fonction systolique préservée ne relevant pas de ce traitement. Et les nombreuses comorbidités ont pu limiter les prescriptions. Néanmoins, cela ne suffit pas à expliquer ce faible taux de prescription optimale. En effet, même si on se restreint aux moins de 55 ans ( peu de comorbidités, IC essentiellement systolique), on ne dépasse guère les 47 % de traitement médical de référence », souligne, Y. Juillière. « Le traitement médicamenteux optimal est donc largement sous utilisé », conclut-il.
Accompagner la sortie
Pour Y. Juillière, « ces données sont en faveur d’une réflexion sur des programmes de retour à domicile et d’éducation thérapeutique. C’est pourquoi PRADO, un programme d’accompagnement à la sortie, élaboré en concertation entre la SFC et la CNAM qui va gérer les rendez-vous infirmier/ MG/cardiologue… - est aujourd’hui en cours évaluation dans 6 sites ».
Affaire à suivre donc.
D’après la communication du Pr Yves Juillière, Nancy.
(*) P. Tuppin et al. Archives of Cardiovascular Disease. 2013;106:570-85.
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