Pendant longtemps, la distinction était faite entre le vieillissement cutané lié à des facteurs génétiques, à l'âge, à la carence estrogénique et aux facteurs environnementaux, comme l'exposition solaire et le tabagisme. Depuis, le concept de dermatoporose a émergé, par analogie avec l'ostéoporose. La dermatoporose découle de ces différents mécanismes physiopathologiques qui aboutissent à une fragilité cutanée, dont les conséquences sont notamment marquées par le risque de déchirures cutanées. La fragilité cutanée peut aussi être induite par certaines maladies ou traitements, comme les corticothérapies au long cours.
De l'éviction à la chirurgie
Il n'y a que peu de mesures de prévention de cette fragilité cutanée si ce n'est l'éviction solaire à l'âge adulte. Chez les personnes âgées, il est recommandé de porter des chaussettes et des manches longues pour des activités comme le jardinage, qui expose à un risque élevé lacérations ou déchirures cutanées plus ou moins importantes. Il existe également des protections mécaniques des jambes en silicone, qui s'adressent en pratique plutôt aux personnes âgées en institution. Les déchirures simples bénéficient aujourd'hui de pansements modernes, qui facilitent la cicatrisation. « Conséquence la plus sévère de la dermatoporose, les hématomes disséquants s'observent surtout chez les personnes âgées sous anticoagulants, et elles sont fréquentes, souligne le Dr Sylvie Meaume (chef du service gériatrie, hôpital Rothschild, Paris). Ils siègent préférentiellement au niveau des jambes et nécessitent une prise en charge chirurgicale très spécifique mais hélas peu connue ».
Xérose, kératose actinique…
La sécheresse cutanée est un autre problème très fréquent chez les sujets âgés. La lutte contre la xérose sénile passe par l'utilisation de savons surgras, et d'émollients, ainsi que par l'éviction des douches ou bains trop fréquents qui altèrent la barrière cutanée. « La sécheresse cutanée est une source de prurit, mais tout prurit ne doit pas être attribué à la xérose », rappelle le Dr Meaume. D'autres atteintes dermatologiques peuvent être en cause, telles que la gale (pas si rare) et la pemphigoïde bulleuse, parfois de présentation atypique, mais aussi d'autres pathologies comme les lymphomes. « Il ne faut donc pas banaliser un prurit, face auquel un bilan s'impose et souvent une biopsie. »
Autre pathologie liée au grand âge, touchant surtout les personnes incontinentes institutionnalisées : la dermite du siège liée à l'incontinence, dont la prévention se fonde sur des mesures d'hygiène. Elle peut être compliquée d'une surinfection fongique. « Les sujets âgés sont globalement à risque de mycoses, qui doivent être traitées avec attention, notamment en cas de traitement anticoagulant par les AVK car les imidazolés, même administrés localement perturbent l'INR », note le Dr Sylvie Meaume.
L'avancée en âge est aussi liée à un risque accru de kératose actinique et de cancers cutanés, dont la prise en charge a évolué avec l'arrivée de traitements moins agressifs ambulatoire donnés en topique en association à la lumière du jour.
« Les sujets âgés ayant un cancer cutané doivent bénéficier des avancées thérapeutiques, y compris des thérapies ciblées après réunion de concertation pluridisciplinaire », insiste le Dr Meaume, avant de rappeler qu'il faut examiner les patients : peau, mais également cheveux et ongles, victimes eux aussi du vieillissement cutané. Les ongles deviennent épais ou au contraire cassants et des soins de pédicurie sont préconisés pour réduire le risque de blessures, et cela pas seulement chez les diabétiques et les artéritiques mais chez toutes les personnes âgées.
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