Les premiers pancréas artificiels dits hybrides correspondent à des boucles semi-fermées qui fonctionnent en 24/24 sur la base d'algorithmes de calcul. Le système fonctionne totalement automatiquement pour l'administration d'insuline basale : le débit s'adapte en continu à la glycémie et son évolution. En revanche il reste indispensable de renseigner les repas et calculer les bolus même si certains systèmes participent à ce calcul de bolus. D'où le terme de boucle semi-fermée. Du coup on ne fait pas toujours mieux en termes d'hyperglycémies qu'un patient calculant lui-même ses bolus. « Le bénéfice majeur concerne les hypoglycémies notamment le phénomène de l'aube et le temps passé dans la cible glycémique. Mais avec l'adaptation des bolus on devrait à l'avenir avoir aussi un bénéfice en termes d'hyperglycémies », selon le Pr Éric Renard (CHU de Montpellier) [1].
Pour des patients compétents
Ces systèmes ne s'adressent pas à n'importe quels diabétiques de type 1 et encore moins à ceux en échec. « Il faut au moins savoir compter les glucides mais aussi être capable de gérer une pompe - détecter les pannes, recharger la pompe en insuline, changer de capteur… - et continuer à surveiller sa glycémie ». La cible glycémique retenue n'est pas trop stricte. On fixe une glycémie de sécurité entre 0,7 et 1,8 g/l plus une cible entre 0,7 et 1,4 g/l - variation glycémique normale chez un non diabétique - qui doit être respectée au moins 40 % du temps.
En pratique ces pancréas artificiels seront réservés aux patients déjà sous pompe depuis au moins 6 mois et faisant au moins 6 contrôles de glycémie capillaire en plus de la mesure du glucose en continu.
Bénéfice en situation de stress (sport, repas…)
La plupart des études ont évalué la sécurité et l'efficacité des pancréas surtout durant la nuit. Mais dans le développement de DIABELOOP une grande attention est portée aux situations problématiques. Deux études ont testé cette année le système versus une boucle ouverte (pompe plus MGC) chez des adultes dans un contexte d'activité physique intense - 2 par jour - ou de dîners gastronomiques répétés durant 3 jours (2). Les repas et activités étaient bien sûr renseignés (signal entré dans le système).
Les résultats présentés par la Dr Sylvia Franc (centre hospitalier Sud Francilien, Corbeil) montrent que dans le contexte d'activité intense on améliore le temps dans la cible, on réduit la glycémie moyenne et les hyperglycémies sans augmenter les hypoglycémies. De même en situation de dîners gastronomiques, on a augmenté d'environ 4 fois le temps passé dans la cible pendant la nuit sans augmenter le risque d'hypoglycémies. « On n'arrive pas encore à mimer complètement la réponse physiologique mais on fait mieux que la boucle ouverte qui est actuellement le système le plus performant », résume Sylvia Franc.
Fortes attentes en pédiatrie
« Les enfants diabétiques sont très instables et atteignent difficilement les objectifs d'HbA1c à long terme. Les hypoglycémies sévères sont très fréquentes. Et même sous pompe et MGC, l'enfant est dépendant de la famille pour adapter les doses. Il y a donc beaucoup d'attentes en pédiatrie », explique la Dr Nadia Tubiana (CHU Robert Debré) Le système Medtronic a été validé chez l'adolescent et sera autorisé dès 14 ans. Mais quid des jeunes enfants ? Une étude française multicentrique portant sur les jeunes de plus de 7 ans - 9 ans en moyenne - va démarrer. Elle comparera le pancréas artificiel versus capteur MGC et pompe et avec arrêt automatique lors d'hypoglycémie. Affaire à suivre
D'après les sessions de
(1) Éric Renard. Diabète de type 1 : le pancréas artificiel arrive
(2) Sylvia Franc et al. La boucle fermée DIABELOOP fait mieux que le traitement conventionnel du DT1 en termes de contrôle glycémique pendant 72 heures avec des activités physiques intenses : essai croisé randomisé ouvert
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