« Dans la prévention des maladies cardiovasculaires, l’insuffisance cardiaque (IC) a pendant longtemps été relativement négligée, sans doute parce qu’elle était considérée comme la conséquence d’autres maladies cardiovasculaires, notamment la maladie coronaire, sur laquelle les mesures de prévention se sont focalisées », rappelle le Pr Javed Butler (Université du Mississipi, États-Unis). « Or, l’analyse des registres montre que l’IC survient très souvent en dehors d’une maladie coronaire, notamment chez les sujets diabétiques qui développent fréquemment une IC à fraction d’éjection préservée. »
De façon générale, l’IC est une maladie très fréquente. Aux États-Unis, un million de nouveaux cas devraient être rapportés cette année, soit bien plus que ceux d’infarctus du myocarde, estimés à 790 000. C’est aussi une maladie grevée d’une mortalité élevée. Comparativement à la population générale, les patients ayant une nouvelle IC (définie par une hospitalisation pour ce motif), ont une perte de 10 à 15 ans d’espérance de vie, et dans ce domaine peu de progrès ont été faits depuis 20 ans. Notamment, chez l’hypertendu comme le diabétique de type 2, le développement d’une IC a un effet pronostique majeur, plus important que celui associé aux autres événements cardiovasculaires.
« Il est possible de mieux prévenir cette maladie, en particulier chez les sujets diabétiques, souligne le Pr Butler. Le contrôle des facteurs de risque classiques (tabagisme, surpoids, sédentarité, HTA…) offre une première opportunité. Même si l’on peut regretter que l’IC n’ait été que rarement un critère primaire d’évaluation dans les essais cliniques ayant testé les antihypertenseurs, l’effet de ces traitements est très bénéfique, avec par exemple une réduction de plus de 50 % du risque de nouvelle IC chez les sujets traités. »
La prise en charge des facteurs de risque est particulièrement importante chez les diabétiques de type 2 qui, est-il nécessaire de le rappeler, ont un risque d’IC multiplié par un facteur 2 à 4. Et le fait de développer une IC est associé à une mortalité accrue et le diabète contribue à l’évolution de l’IC, dont le pronostic est moins bon y compris lorsque les traitements pharmacologiques conventionnels sont administrés.
« Mais, surtout, à la lumière des études récentes, le choix du traitement de l’hyperglycémie peut avoir un fort impact sur le risque de développer une IC et sur le pronostic même de l’IC, a poursuivi le Pr Butler. Certains traitements antidiabétiques ont un effet neutre ou néfaste, tandis que d’autres, en l’occurrence les inhibiteurs de SGLT2 (non commercialisés en France, ndlr) ont un effet bénéfique. » Dans l’étude Empa-Reg Ooutcome, première étude de sécurité cardiovasculaire de cette classe d’antidiabétiques publiée en 2015, l’empagliflozine avait permis de réduire significativement le risque de développer une IC et celui de décès cardiovasculaire et de nouvelle hospitalisation pour IC chez ceux qui avaient déjà une IC à l’inclusion. Des résultats comparables ont été rapportés avec la canagliflozine et la dapagliflozine, cette dernière ayant en outre démontré ses bénéfices sur le risque d’IC quel que soit le statut diabétique dans la récente étude Dapa-HF.
« Différentes études ont mis en évidence des facteurs de risque d’hospitalisation pour IC chez les diabétiques, tels que les antécédents d’IC, la micro-albuminurie ou la baisse du débit de filtration glomérulaire », a rapporté le Pr Butler, qui estime qu’en pratique, « tous les diabétiques de type 2 sont à haut risque d’IC. Et peu importe le phénotype de l’IC, avec ou sans réduction de la fraction d’éjection ventriculaire gauche : son pronostic est toujours péjoratif ».
D’après la communication du Pr Javed Butler (Université du Mississipi, États-Unis)
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