Pour répondre à la demande des autorités américaines, qui exigent depuis 2008 d'établir la sécurité cardiovasculaire des nouveaux antidiabétiques oraux, des essais spécifiques sont réalisés avec toutes les nouvelles molécules.
Après l'empagliflozine (inhibiteur du cotransporteur sodium-glucose de type 2) l'an dernier (étude EMPA-REG) et le liraglutide (analogue du glucagon-like peptide 1) quelques mois plus tard (étude LEADER), c'est au tour d'un autre analogue du GLP1, le semaglutide de faire la preuve non seulement de sa sécurité cardiovasculaire, mais aussi de ses bénéfices sur le risque d'événement cardiovasculaire.
SUSTAIN 6, étude de précommercialisation mise en place pour évaluer spécifiquement la sécurité cardiovasculaire du semaglutide, un analogue du glucagon-like peptide-1 (GLP1) d’administration hebdomadaire, a inclus 3 297 patients diabétiques de type 2 à haut risque cardiovasculaire. À l'inclusion, 83 % des patients avaient en effet une maladie cardiovasculaire et/ou une maladie rénale chronique.
Ils ont été randomisés pour recevoir, en plus du traitement standard, du semaglutide (0,5 mg ou 1,0 mg en injection hebdomadaire) ou un placebo et ce pendant 104 semaines.
Le critère primaire d’évaluation était un critère composite de première occurrence d'un décès cardiovasculaire, d'un infarctus du myocarde ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC) non fatal.
Ce critère primaire a été atteint chez 6,6 % des patients recevant le semaglutide, versus 8,9 % de ceux du groupe placebo group (OR : 0,74 ; IC 9 % 5 0,58-0,95 ; p < 0,001 pour la non-infériorité). Les taux d'infarctus du myocarde non fatal ont été respectivement de 2,9 % et de 3,9 % (OR : 0,74 ; IC 95 % 0,51-1,08 ; p = 0,12) et ceux d'AVC respectivement de 1,6 % et 2,7 % (OR : 0,61 ; IC 95 % 0,38-0,99 ; p = 0,04). Les taux de décès cardiovasculaires ont été similaires dans les deux groupes, de 2,7 % et 2,8 % respectivement (p = 0,92).
L’incidence des nouvelles néphropathies ou de l’aggravation de la maladie rénale a été plus faible dans le groupe semaglutide, mais à l'inverse, les taux de complications rétiniennes (hémorragie vitrée, cécité ou événement nécessitant une photocoagulation ou au recours à un agent intravitréen) ont été significativement plus élevés (OR : 1,76 ; IC 95 % 1,11-2,78 ; p = 0,02). Il faut noter que la grande majorité des patients ayant présenté ce type de complications avaient une rétinopathie à l'inclusion.
Les effets secondaires ont été moins fréquents sous semaglutide, mais le nombre d'interruptions de traitement pour effet indésirable a été plus élevé, essentiellement à cause d'effets gastro-intestinaux. Les taux d'hypoglycémies ont été comparables sous semaglutide et sous placebo.
Au total, chez ces patients diabétiques de type 2 à haut risque cardiovasculaire, le traitement par semaglutide s’est accompagné d’une réduction significative de 39 % des AVC non fatals, d’une baisse non significative de 26 % des infarctus du myocarde non fatals et d’un effet neutre sur les décès cardiovasculaires. Le traitement par semaglutide a parallèlement permis un bon contrôle glycémique et une perte de poids.
L’HbA1c, de 8,7 % en moyenne à l’inclusion, a été réduite respectivement de 1,1et 1,4 % dans les bras semaglutide 0,5et 1 mg, versus 0,4 % dans le groupe placebo. La perte de poids a été respectivement de 3,6 et 4,9 kg sous semaglutide 0,5 et 1 mg, comparativement à 0,7et 0,5 kg dans le bras placebo (0,5 et 1 mg).
D'après les communications des Prs et Drs Steven Marso, Tina Vilsboll et Stephen Bain, lors de la présentation des résultats de l'étude SUSTAIN 6
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