Diabeloop, le système français en élaboration dans 9 CHU, est un pancréas artificiel à simple hormone, l'insuline. Les Britanniques à Oxford ont aussi opté pour un système simple hormone. Mais d'autres équipes, dont celle du Pr Rémi Rabasa-Lhoret à Montréal (IRCM, Canada), travaillent sur deux versions incluant un pancréas à double hormone, associant insuline et glucagon. « Le glucagon apporte une sécurité additionnelle vis-à-vis des hypoglycémies. Il est distribué par une autre pompe, commandée elle aussi par l'algorithme. À Montréal, nous développons, en parallèle, un système simple hormone et double hormone. Cela permet de comparer dans des études à trois bras ces deux systèmes de pancréas artificiels à la pompe à insuline traditionnelle couplée au seul capteur gérée par le patient », explique-t-il.
Deux fois moins d’hypoglycémie
Au total, 12 études cliniques ont déjà été menées. Elles montrent que ces deux systèmes de pancréas artificiel améliorent globalement de 15 % le temps passé dans la cible d'HbA1c, en éliminant à la fois les glycémies trop hautes et trop basses. Mais, si les hypoglycémies sont divisées par 4 avec le pancréas simple hormone elles sont divisées par 8 avec le double hormone par comparaison à la pompe classique. « On divise donc encore par deux les hypoglycémies et on réduit les hypoglycémies sévères, avec l'adjonction de glucagon dans notre algorithme », commente Rémi Rabasa-Lhoret.
Parmi ces études, plusieurs ont été réalisées en ambulatoire, en conditions réelles, dans la vraie vie, chez l'adulte durant 3 jours d'affilée 24 heures/24 intégrant travail, sport, sorties nocturnes alors que chez l'enfant une étude a été faite sur 9 nuits en camp de vacances. Les deux types de pancréas artificiels donnent de bons résultats avec une meilleure prévention des hypoglycémies pour la version avec le glucagon.
Une des études présentée à la SFD comparait en randomisé avec chassé-croisé les deux systèmes de pancréas artificiel, simple et double hormone, en situation à haut risque d’hypoglycémie, à savoir l'exercice physique. L'essai porte sur 17 patients diabétiques de type 1 adultes. Deux types d'exercice – un exercice continu à intensité modérée et un exercice intermittent où se succèdent activité très intense et modérée – ont été testés. À nouveau, dans cet essai, l'option double hormone réduit les hypoglycémies.
Reste aujourd'hui une question en suspens. Le double hormone vaut-il la peine, le glucagon est-il un luxe ? En effet la réduction du risque d’hypoglycémie est obtenue avec un système plus complexe et plus coûteux. Affaire à suivre.
Entretien avec le Pr Rémi Rabasa-Lhoret
(1) Rabasa R Lhoret et al. Évaluation de l'efficacité du pancréas artificiel pour réguler la glycémie durant un exercice chez des patients diabétiques de type 1, C0 65
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